Pour revenir à la normale, la Suisse mise sur les tests
Coronavirus
Le Conseil fédéral fournira bientôt toute la population en tests gratuits. But de l’opération: «ne plus perdre le contrôle» pour progressivement rouvrir la société

Tester, tester, tester. Le Conseil fédéral a annoncé ce vendredi qu’il entendait dépister gratuitement toute la population, symptomatique ou non, à partir du 15 mars prochain. Une opération jugée centrale «pour appuyer le redémarrage progressif de la vie économique et sociale». Coût annoncé de l’opération: 1 milliard de francs.
«Ne plus perdre le contrôle»
C’est assez rare pour le souligner: le ton d’Alain Berset était ce vendredi résolument optimiste. «La situation reste fragile, a rappelé le Fribourgeois. Mais nous franchissons ici une étape importante. Avec ces tests à large échelle, le but est de ne plus perdre le contrôle.» La gratuité des frottis deviendra ainsi la norme, y compris pour les frontaliers. Pour prévenir de possibles flambées du virus, le gouvernement espère tester à large échelle les personnes les plus «mobiles»: les actifs, les élèves et les universitaires.
Ces derniers pourront être auscultés par le biais de prélèvements salivaires analysés «de manière groupée»: procédé qui permet des résultats rapides. La participation à ce type de dépistage sera facultative. Il y aura cependant des avantages à s’y soumettre: «Il est prévu que les entreprises qui testent chaque semaine 80% de leurs employés n’auront plus besoin de mettre en quarantaine les cas contacts», a souligné Alain Berset.
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Le Conseil fédéral a également fait savoir que cinq tests par mois et par personne seraient bientôt fournis à chaque résident helvétique. Ces «autotests» n’ont toutefois pas été validés par l’Office fédéral de la santé publique et aucune date n’a été évoquée concernant leur certification.
Ne pas trop se réjouir pour autant
«La réalisation de tests répétés dans les entreprises ne vise pas à remplacer les plans de protection, mais à renforcer la protection du personnel, a mis en garde Alain Berset. Les tests gratuits ne représentent qu’un «instantané de la situation, dont le résultat est moins fiable que les tests PCR.» Dans un communiqué remis aux journalistes, le Conseil fédéral souligne qu’un résultat négatif «ne doit pas donner à la personne un sentiment de sécurité infondé ni l’inciter à se conduire déraisonnablement».
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Responsable de la plateforme testing de la task force Covid-19, Didier Trono partage cette vision: «Un résultat négatif à un test antigénique rapide avec prélèvement naso-pharyngé reste valable durant deux ou trois jours, pas plus, et encore moins longtemps avec un prélèvement salivaire ou un auto-test, de moindre sensibilité.» Le risque, explique ce dernier, serait que des personnes se croient négatives sur de plus longues périodes, «ce que ces tests ne peuvent affirmer». Port du masque et respect des distances continueront donc à s’imposer. En cas de résultat positif, il sera nécessaire d’effectuer un test PCR, avant de s’isoler.
En fin de conférence de presse, le Conseil fédéral a encore évoqué une question qui ne manquera pas de faire débat: la possibilité de conditionner des accès ou la participation à certaines manifestations à un résultat de test négatif. «Il faut déjà un test PCR négatif pour prendre l’avion ou passer une frontière, a rappelé Alain Berset. Il est donc juste de se poser cette question.» A laquelle il n’a pas répondu. Les politiques annoncées ce vendredi feront l’objet d’une décision finale dans une semaine, après consultation des cantons.
Collaboration Fabien Goubet