Le revenu de base expliqué en trois minutes
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Le 5 juin, les Suisses voteront sur l'instauration d'un revenu minimal versé à tous les habitants du pays qu'ils travaillent ou non. Tour d'horizon de cette initiative qui vise à découpler le revenu du travail

Le Revenu de Base Inconditionnel (RBI) a pour but de garantir aux habitants de la Suisse une existence digne indépendamment de leur emploi.
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Qu’est-ce qu’est le revenu de base?
C’est une somme d’argent fixe distribuée à tous les résidents majeurs du pays, qu’ils travaillent ou non, qu’ils soient riches ou pauvres, jeunes ou vieux, malades ou bien portants. Le revenu de base ne remplace pas le chômage, l’AVS et l’AI. Ces assurances sociales viennent compléter le montant du RBI en fonction des droits des assurés.
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A combien se monte le revenu de base inconditionnel?
Le montant n’est pas mentionné dans l’initiative, mais les calculs des initiants se basent sur un montant de 2500 francs par adulte et 625 par enfant. Cette somme est amenée à évoluer mais le principe est qu’elle couvre tout juste les moyens de subsistance pour inciter les gens à travailler.
Interactif. Notre chronologie «Revenu de base, naissance d'une utopie »
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Qu’est-ce que ça va changer?
Pour beaucoup d’habitants, le RBI ne représentera qu’une manière différente de toucher la même somme d’argent. Par exemple ceux qui touchent une assurance sociale comme le chômage toucheront le RBI plus une petite somme qui viendra le compléter. A la place de 4000 francs de chômage par exemple, un bénéficiaire toucherait 2500 frs de revenu de base et 1500 francs de l’assurance chômage. Un travailleur gagnant 6000 francs net toucherait 2500 francs de RBI et 3500 francs de salaire. Il ne s’agirait que d’un transfert de revenu dans ces cas.
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Qui en bénéficiera?
Les réels bénéficiaires seraient ceux qui ne reçoivent ni salaire ni allocation, c’est à dire essentiellement les femmes au foyer, les étudiants ou les sans-emploi (qu’ils soient riches ou pauvres).
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Combien cela coûtera?
Pour verser le RBI à tous ceux qui touchent moins de 2500 frs par mois, les initiants estiment qu’il faudrait dégager 18 milliards par an. Le Conseil fédéral estime lui qu’il faudrait trouver 25 milliards et que si moins de personnes travaillent, cela générerait des pertes fiscales supplémentaires difficiles à chiffrer.
L’initiative ne dit pas comment le RBI devrait être financé. Les initiants suggèrent de taxer les paiements électroniques. Le Conseil fédéral estime qu’il faudrait probablement augmenter plusieurs impôts et élever la TVA de plusieurs points.
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Les arguments des initiants
Les initiants estiment que le RBI réduirait la crainte qu’éprouvent les citoyens de sombrer dans la précarité. Ainsi libérés de cette peur, ils exerceraient davantage un travail porteur de sens, s’investiraient plus dans la vie de la cité et se lanceraient plus facilement dans l’entrepreneuriat. Ils ajoutent que le fonctionnement de l’économie est lié à un certain taux de chômage et que les robots prendront de plus en plus la place des salariés.
Enfin, les initiants soulignent que certaines personnes ne sont aujourd’hui pas rétribuées pour leur travail comme celle qui prennent soin de leurs parents ou de leurs enfants ainsi que ceux qui exercent du bénévolat.
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Les arguments du Conseil fédéral
Le Conseil fédéral estime que le RBI affaiblirait l’économie suisse. Pour certaines personnes, cela ne vaudrait plus la peine de travailler et les entreprises perdraient ainsi de la main-d’œuvre et devraient délocaliser leur activité. Il craint également que cela incite de nombreux immigrés peu qualifiés à immigrer en Suisse. Enfin, il souligne que le RBI coûterait très cher à la confédération qui devrait procéder à des hausses d’impôts importants ou réduire certaines prestations.
L’initiative ne reçoit aucun soutien politique à droite et la gauche est divisée. Les Verts et par le Parti Pirate y sont favorables mais pas le Parti Socialiste Suisse.
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