Les Roms victimes de stéréotypes et de généralisations
racisme
La Commission fédérale contre le racisme a fait analyser une série d’articles et d’émissions. Sans parler de racisme, les médias suisses sont souvent tentés de généraliser
La moitié des articles et émissions traitant de la situation ou de la présence des Roms en Suisse tombe dans les généralisations abusives. Une fois sur quatre, les auteurs y associent des stéréotypes négatifs, selon une étude de l’Université de Zurich commandée par la Commission fédérale contre le racisme. Ainsi, une contribution journalistique sur huit tend à être vraiment discriminante.
«Il ne s’agit pas de nier ou de cacher la réalité des problèmes liés à la présence de Roms. Mais nous voulons rappeler qu’il s’agit d’abord de personnes et que celles-ci ne doivent pas toutes être mises dans le même panier», a rappelé la présidente de la commission, Martine Brunschwig Graf.
Depuis 2007, avec le fort accroissement de l’immigration venue des nouveaux membres de l’UE, la quantité d’articles sur les Roms a été multipliée par cinq. L’attention se porte surtout sur les éléments de conflit, comme les campements sauvages, la mendicité, la prostitution, les vols.
Choc culturel
Le choc est culturel aussi. Comme exemple de généralisation discriminante, l’ancienne conseillère d’Etat et parlementaire genevoise a cité ce titre d’un journal romand: «Attention! Les Roms arrivent», pour signaler leur présence à Genève. Ou le traitement de l’affaire de la petite Rom blonde retrouvée dans une famille en Grèce, et que l’on a vite supposé avoir été enlevée.
L’institut zurichois Fög met d’ailleurs en évidence la différence de traitement des médias suisses lorsqu’ils rapportent sur la situation des Roms à l’étranger ou en Suisse. Dans 50% des articles traitant des Roms chez nos voisins, les médias suisses mettent en avant les questions d’intégration ou le choc culturel. Mais lorsque l’on parle des Roms en Suisse, ce sont avant tout les questions de mendicité et de criminalité qui dominent. «Sans doute y-a-il là un effet de proximité», selon Martine Brunschwig Graf.
Mais cela contribue à une perception discriminante des minorités yéniches, manouches ou roms. De plus, dans près de la moitié des affirmations touchant au comportement des Roms, il n’est jamais précisé les motifs de ces critiques. Le lecteur n’est donc pas à même de juger de leur validité. On confond ainsi souvent les Roms, dont beaucoup sont sédentaires mais immigrés en Europe de l’Ouest, avec les gens du voyage suisses ou français, comme les Yéniches ou les Manouches.
Enfin, le traitement des questions liées aux Roms diffère selon les titres. Les journaux gratuits ou la presse populaire ont tendance à généraliser, contrairement aux journaux par abonnement ou à la télévision. De plus, les Roms ont peu le droit à la parole (13% des articles), et uniquement pour répondre à des reproches ou accusations. Les Roms ne semblent exister que par les problèmes: «On ne voit pas qui ils sont ni ce qu’ils pensent», déplore la présidente de la commission.
Or, ajoute-t-elle, «le danger est que cette généralisation du jugement à l’égard des Roms se répande aussi au détriment d’autres minorités, comme certains groupes de requérants d’asile, notamment d’Afrique.»