ÉDITORIAL. Pour notre journaliste, l'adoption du langage inclusif et épicène sur les antennes de la RTS est un acte militant qui a de quoi inquiéter

Accrochez-vous. Désormais vous aurez droit, aux antennes de la RTS, au langage inclusif et épicène, afin de gommer la prééminence du masculin qui offusque tant la planète féministe. «Le langage a le pouvoir de faire exister ce qu’il énonce», affirme en préambule le guide de langage inclusif à l’adresse de toutes les rédactions de la RTS. C’est vrai. Et c’est justement pour cela qu’il est dangereux de l’entraver. Car le journalisme n’a pas vocation à faire advenir de nouvelles réalités. Vouloir codifier le langage au nom des convictions, c’est codifier la pensée.
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Voilà le risque qu’a pris la RTS, poussée par un collectif très revendicatif qui semble avoir pris un pouvoir démesuré. Empêtrée dans les scandales de harcèlement, critiquée pour être un nid de vieux machos autoritaires, la chaîne de service public a cédé à ce groupe féministe intersectionnel qui a, lui, tout d’un Politburo version post-marxiste: remplacez l’affreux capitalisme par le démoniaque mâle blanc et vous y êtes. Le langage inclusif fait ici office de fer de lance de cette doctrine.
Ce début de siècle est secoué par des idéologies de combat, souvent portées par des minorités – toutes les femmes ne se reconnaissent pas dans le féminisme radical. Comme celles des siècles précédents, ces luttes sont toujours menées au nom du Bien. Le manichéisme, plus que jamais, a son heure de gloire – et honte à ceux qui n’ont pas choisi le bon camp. Par crainte de se voir taxés de traîtres aux justes causes – égalité, antisexisme, antiracisme – des pans entiers de la société n’osent plus s’exprimer. Un exemple? Pas sûr qu’un homme aurait pris le risque de signer cet éditorial. C’est ainsi que les dogmes progressent dans les institutions, comme l’université, qui en deviennent les otages et conséquemment perdent en esprit critique.
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Mais lorsqu’un média de service public endosse une cause dont l’objectif est la révolution sociétale, il y a lieu de s’inquiéter. Car ce n’est plus seulement de la correction politique, mais un acte militant. Il conditionne non seulement la liberté journalistique, mais il impose aux téléspectateurs et auditeurs une certaine vision du monde. C’est oublier qu’il est pluriel. C’est risquer de braquer tous ceux qui n’adhèrent pas aux nouvelles religions, et qui s’en iront, un jour ou l’autre, nourrir les populismes. Triste pour la démocratie.
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