UBS juge antisociale l’initiative populaire pour un salaire minimum. Selon la grande banque, cette revendication favoriserait les externalisations et augmenterait le chômage structurel. Dans son dernier Outlook pour la Suisse présenté mercredi à Zurich, et relayé par l’ATS, UBS se penche sur les conséquences des initiatives inscrites à l’agenda politique qui visent notamment le marché de l’emploi. Des projets, estiment ses experts, qui nuiraient à la compétitivité de la Suisse.

«L’enjeu est la marge de manoeuvre des entreprises et par là même la croissance et la prospérité à moyen et long termes», selon Lukas Gähwiler, directeur général pour UBS Suisse. Il souligne que le salaire horaire minimum de 22 francs exigé par le texte est très élevé en comparaison internationale. A environ 4000 francs par mois, cela correspond à 76% d’un salaire mensuel moyen, indique Daniel Kalt, économiste en chef pour la Suisse. En France, le minimum atteint seulement 60% du salaire médian, en Grande-Bretagne, 46% et aux Etats-Unis 38%, ajoute-t-il.

Avec un seuil généralisé de 4000 francs, l’industrie hôtelière et le tourisme devraient ainsi relever de 45% les rémunérations des employés du secteur. Dans le commerce de détail, un rehaussement de l’ordre de 19% serait nécessaire, calcule Daniel Kalt.

A long terme, la mesure entraînerait une rationalisation et une externalisation des emplois peu qualifiés. Les grands distributeurs Migros et Coop remplaceraient le personnel de vente par des systèmes automatisés, équipés de scanners aux caisses, comme c’est d’ailleurs déjà le cas. De nombreux secteurs d’exportation ont déjà amorcé une délocalisation de la production vers des pays à bas coûts, à cause du franc fort. L’introduction d’un salaire minimum accélérerait cette tendance, selon UBS, et ferait grimper le chômage structurel, jusqu’à présent extrêmement bas en Suisse.