«Pour le Rai-Tiai-Tiai, j'ai un réseau de correspondants dans chaque village. Ils viennent me raconter leurs histoires, je les rédige et je leur demande de superviser les textes. Pour le Poue-Seiyaî, qui maltraite surtout l'activité politique de Porrentruy, nous sommes une équipe de cinq à six.» C'est ainsi, grosso modo, que fonctionnent toutes les rédactions des journaux publiés à Porrentruy, Bassecourt, Courtételle, Saignelégier, aux Breuleux, aux Bois, au Noirmont, à Delémont, Rebeuvelier et Moutier. «Le principe consiste toujours à raconter des histoires vraies, drôles, concernant les petites gens qui commettent une bévue ou les grosses gaffes de nos autorités, relève un rédacteur du Serpent à Sornettes, journal carnavalesque delémontain. Sur un fond de vérité, nous faisons de l'absurde. Mais pas question de descendre sous la ceinture». Même si l'ironie est parfois poussée, rares sont les plaintes et les procès. «J'en ai eu deux ou trois, précise Victor Giordano. Et je n'ai jamais été condamné». Benoît Girard renchérit: «Les histoires montrant un péquin qui s'est fourvoyé ou qui tournent un notable en bourrique ne sont pas méchantes, tout au plus malicieuses.»
Parmi les thèmes forts de la presse carnavalesque de cette année: Le Schnapou de Moutier démantèle une filière dont une des branches passe par la Prévôté, utilisant Internet pour vendre des bustes de Hitler. Une fois Carnaval passé, l'affaire devrait intéresser la justice. A Delémont, Le Serpent à Sornettes et le Pierrot font leur une avec Jean-François Roth: interview fictive dans laquelle le ministre dit tout le bien qu'il pense de lui pour le premier; le second annonce, photos (-montages?) à l'appui, que le magistrat a trouvé une compagne en Afrique. A Bassecourt, le Coq propose qu'Anita Rion reste au gouvernement jusqu'en 2012, «afin qu'elle vienne à maturité». La nouvelle maturité est évoquée par le Poue-Seiyaî, qui inaugure la place des «Deux François», Calame et Laville (le premier, enseignant, ne ménage pas ses critiques envers le second, chef du service de l'enseignement), «en remerciement de leurs efforts en faveur du Lycée de Porrentruy». Ce même journal décerne le «poue d'honneur» – un cactus – au conseiller communal Marcel Hubleur. Il lui sera remis samedi devant l'hôtel de ville, avec fanfare et vin d'honneur. Aux Franches-Montagnes, Le Piccus retrace «l'annus horribilis du Paupinet» et revient sur la réélection de justesse de Pierre Paupe au Conseil des Etats, «pas fameux, surtout avec tout le bien que s'autoattribuait le notable», écrit le journal.