Le sauvetage de la forêt n'est plus un sujet à l'ordre du jour
SYLVICULTURE
Le National n'a pas adopté la modification de la loi sur les forêts du Conseil fédéral et a refusé l'initiative «Sauver la forêt».
Inutiles et superflus, tels sont les deux adjectifs qui sont le plus souvent revenus dans la bouche des orateurs jeudi pour qualifier le projet de modification de la loi sur les forêts du Conseil fédéral et l'initiative populaire «Sauver la forêt» soutenue par les Verts.
Les résultats ont d'ailleurs été sans appel. Par 179 voix, le parlement n'a pas estimé nécessaire de rentrer en matière sur la première proposition et, par 123 voix contre 42, il a refusé l'initiative. Le rapporteur de la commission, le conseiller national socialiste vaudois Roger Nordmann, explique qu'«il est clairement apparu à la commission que la loi sur les forêts de 1991 fonctionne bien et qu'il n'y a pas de raison de la réviser. En résumé, elle est équilibrée, donne satisfaction aux propriétaires et protège suffisamment la forêt.»
En vain Moritz Leuenberger a-t-il affirmé l'importance de soutenir l'économie forestière. Le texte du gouvernement a été élaboré après le passage de l'ouragan Lothar en 1999, alors que l'industrie du bois était en crise. Depuis, les prix sont toutefois repartis à la hausse, rendant la modification dépassée.
Deux projets liés
Par ailleurs, certains membres de la droite ayant des intérêts dans l'industrie forestière, comme Jean-François Rime (UDC/FR), craignent surtout de voir l'économie du bois trop réglementée. «Bien plus que des subventions, nous souhaiterions une diminution des taxes de transports, du coût des terrains ou moins de lois environnementales», précise l'UDC fribourgeois.
Le refus de la révision de la loi rend caduque l'initiative, soutenue notamment par Franz Weber, puisqu'elle avait été lancée en réaction au projet du gouvernement. Elle l'était déjà devenue par la force des choses depuis que l'autorisation des coupes rases, le point central du combat des initiants, a été retirée du projet par le Conseil fédéral en cours de route.
Retirer l'initiative
Au final, seuls les Verts ont soutenu l'initiative au nom de la crainte d'une surexploitation des bois. En 2006, Economie forestière suisse (EFS) estimait toutefois que l'accroissement annuel exploitable de la forêt atteignait 8 millions de mètres cubes, alors que seuls 5 millions sont exploités. Les deux objets doivent encore passer au Conseil des Etats. Le peuple risque de ne jamais avoir à se prononcer. Ruedi Lustenberger (PDC/LU) estime que le signal est clair pour que les initiants retirent leur initiative.
Lors du dépôt de l'initiative en 2005, Franz Weber avait, en effet, dit qu'il la retirerait si les Chambres fédérales refusaient la révision.