Scandale au Conseil de l’Europe: Andreas Gross est suspendu
Corruption
L’ancien élu socialiste suisse a refusé de s’expliquer devant les enquêteurs chargés du Caviargate, soupçon de corruption de la part de l’Azerbaïdjan. Il se défend et invoque un agenda surchargé

Le Conseil de l’Europe a interdit l’accès de son bâtiment à Strasbourg à l’ancien élu socialiste suisse Andreas Gross. Cette sanction symbolique est une suite du Caviargate: durant des années, le gouvernement d’Azerbaïdjan a corrompu des élus de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (ACPE) pour vider de leur substance des rapports critiquant la situation des droits de l’homme dans ce pays du Caucase.
A ce propos, les mots de Dick Marty: «J’ai vu une bouteille de champagne et deux jeunes femmes à peine habillées»
Andreas Gross était le meilleur connaisseur de l’Azerbaïdjan au sein de l’ACPE de 2000 à 2005. Il s’est rendu de nombreuses fois dans le pays. Mais il n’a pas pu être entendu par la commission d’enquête chargée d’enquêter sur l’affaire de corruption.
«J’ai été convoqué par cette commission de façon très militaire, explique-t-il au Temps. J’avais des obligations à la date proposée et j’ai demandé à pouvoir venir une autre fois. Ils ont alors proposé une vidéoconférence, mais elle tombait durant ma première semaine [dans un think-tank] à Washington et ça ne me semblait pas correct d’imposer cette lourde organisation à mes hôtes américains. Je leur ai dit: cette semaine ça ne va pas, mais la semaine suivante oui. Ensuite je n’ai plus rien entendu – jusqu’à cette sanction. Je trouve cela très bizarre.»
Boîtes de caviar
D’autant plus bizarre, en fait, qu’Andreas Gross a toujours été l’un des élus les plus critiques envers l’Azerbaïdjan au sein de l’ACPE. Dès 2005, il avait évoqué le versement de grosses sommes d’argent par les autorités azéries à des membres du Conseil de l’Europe. Son attitude critique est largement documentée dans le rapport que vient de publier le Conseil de l’Europe sur le Caviargate. L’élu socialiste avait aussi noté le fait que des parlementaires qui habituellement ne fréquentaient pas l’ACPE faisaient soudainement acte de présence lors de votes importants concernant l’Azerbaïdjan.
Du caviar, Andreas Gross admet en avoir reçu «une ou deux boîtes» lors de séjours en Azerbaïdjan. «Mais je n’aime pas ça et je les ai données à des secrétaires», explique-t-il. Pour lui, le caviar ne pose pas de problème, les longs séjours tous frais payés dans les palaces cinq étoiles de Bakou, si. Une faveur dont il affirme ne jamais avoir bénéficié.