revue de presse
Les journaux du dimanche reviennent longuement sur l’accident ferroviaire de Granges-Marnand. Le patron des CFF, Andreas Meyer, et Peter Füglistaler, le directeur de l’Office fédéral des transports, évoquent les systèmes de sécurité qui sont au cœur des préoccupations

Après l’accident ferroviaire de Granges-Marnand, toute la presse du dimanche revient abondamment sur la sécurité du rail en Suisse. Le patron des CFF, Andreas Meyer, et le directeur de l’Office fédéral des transports, Peter Füglistaler, s’expliquent sur les besoins et les priorités, tout en rappelant que le train reste le moyen de transport le plus sûr.
A peine une semaine après l’accident de train qui a fait un mort et vingt-cinq blessés lundi soir à Granges-Marnand, la presse dominicale revient largement sur cet événement. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur du train en provenance de Payerne n’aurait pas respecté la signalisation, provoquant une collision frontale avec le convoi arrivant de Lausanne. Les systèmes de sécurité sont dès lors remis en question. Dans «Le Matin Dimanche», le patron des CFF, Andreas Meyer explique qu’il faut fixer des priorités. «S’il faut installer un nouveau système de sécurité, est-il vraiment imaginable de ne pas équiper la ligne entre Lausanne et Genève ou Berne et Zurich, où la masse des voyageurs et le trafic sont les plus importants? Et de mener, par contre, ces travaux sur des lignes où il n’y a qu’une voie et où deux trains régionaux se croisent le matin et deux autres le soir?»
«La Confédération n’a pas un budget illimité»
Andreas Meyer fait notamment référence au système de surveillance de la vitesse des trains au bord des rails, le ZUB. 1700 signaux supplémentaires doivent encore être installés d’ici 2018, pour un coût de 50 millions. Et Andreas Meyer de justifier ce délai: «Au début des négociations, nous avons dû lutter avec la Confédération qui trouvait la sécurité suffisante». A terme, ce système devrait être remplacé par le système européen ETCS 2, plus performant. «Il faudrait deux milliards pour équiper toute la Suisse d’ici 2035», indique le patron des CFF.
Mais tout est question de priorité dans les investissements et Andreas Meyer renvoie la balle aux politiciens et aux cantons, qui misent davantage sur l’extension de l’offre. «La Confédération n’a évidemment pas un budget illimité», dit Andreas Meyer.
Interrogé par la «NZZ am Sonntag», Peter Füglistaler, directeur de l’Office fédéral des transports, assure que même si l’enquête concernant l’accident de Granges-Marnand est toujours en cours, «nous réfléchissons déjà aux moyens à mettre en œuvre pour éviter de tels accidents». Il plaide pour l’accélération du processus et l’augmentation des moyens. Mais pour lui, l’aménagement à court terme du système ETCS2, est une illusion. «Cette technologie fonctionne bien aujourd’hui en Suisse, mais son efficacité pour les nœuds de communication avec beaucoup d’aiguillages, comme par exemple les grandes gares, n’est pas prouvée», précise-t-il.
La ponctualité au détriment de la sécurité?
De plus, pour lui, il ne s’agit pas que d’une question technique mais du système global. «Auparavant, avec le conducteur de la locomotive, le contrôleur et le chef de gare, on pouvait compter sur six yeux. Aujourd’hui, sur les lignes régionales, il n’y a plus que le conducteur de la locomotive. La technique compense cette diminution de personnel. Sauf qu’elle n’est pas installée partout», relève-t-il. Président du Syndicat suisse des mécaniciens de locomotive et aspirants, Hubert Giger le déplore dans le journal «Zentralschweiz am Sonntag»: «On a laissé seuls les conducteurs de locomotive». Il indique que c’est actuellement le cas sur 70% des trains des lignes régionales.
Interrogé par le «SonntagsBlick», Urs Mächler, président du syndicat du personnel des transports, évoque pour sa part la pression que subit le personnel pour respecter la ponctualité. «On exige de nous que nous améliorions la ponctualité», déclare-t-il . Avec des objectifs. L’an dernier, les CFF voulaient que 89% des trains circulent avec moins de trois minutes de retard. 88% des convois ont atteint cet objectif. Cette course à la ponctualité se fait-elle au détriment de la sécurité? D’après un document que le journal dominical s’est procuré, 4837 incidents ont fait l’objet d’un rapport depuis le début de l’année. Répertoriés sous le code 1, ces incidents vont d’une conduite trop lente à l’omission d’un arrêt dans une gare. 112 feux rouges ont également été grillés.