Les requérants comme les collaborateurs peuvent désormais faire part de leurs doléances dans les centres fédéraux d’asile de Bâle et de Zurich. Le projet pilote est prévu pour une durée de 18 mois et coûte 750 000 francs. Le porte-parole du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), Reto Kormann, a déclaré lundi à la radio SRF qu’il y avait toujours eu des signalements, souvent anonymes, faisant état parfois de situations assez graves. Le «bureau de communication» a pour but d’améliorer la situation.

Les signalements ne concernent pas seulement des cas de violence, mais s’intéressent aussi aux conditions d’hygiène ou aux cas de mauvaise alimentation pour des raisons religieuses. Ce service de communication est géré par l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO). Le SEM finance le service et a un pouvoir d’instruction et de surveillance sur l’OSEO.

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Ce dernier rend des rapports tous les trois mois au SEM et émet des recommandations. Le SEM prend position par écrit et examine les changements à envisager, poursuit le porte-parole. Deux douzaines de signalements ont été reçues depuis le lancement de l’opération début novembre, selon Reto Kormann.

L’idée de créer de tels «bureaux de communication externes» émane de plusieurs sources, dont le SEM lui-même, indique au Temps Anne Césard, porte-parole du SEM. La Commission nationale de prévention de la torture recommandait un tel dispositif dans son rapport 2019-2020, tout comme l’ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer chargé d’un rapport d’enquête sur le SEM, précise-t-elle.

Le SEM tirera un bilan après douze mois. Selon ses conclusions, il décidera d’étendre ce service à d’autres centres fédéraux d’asiles, ajoute Anne Césard. Il faudra donc attendre novembre 2023 pour savoir si les requérants et les travailleurs des centres d’asile de Boudry ou de l’Aéroport de Genève pourront bénéficier d’un tel dispositif.

«Le SEM se surveille lui-même»

L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) salue ce projet. «Nous espérons que cela améliorera la pratique», a déclaré la porte-parole Eliane Engeler sur les ondes de la SRF. L’OSAR a cependant une objection: «Le modèle du bureau de communication a le handicap que le SEM se surveille finalement lui-même». Il est important que ce dernier crée de la confiance et de la transparence.

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La question est également de savoir si le SEM donnera suite aux plaintes. Et qu’en cas d’incidents violents, des mesures soient prises si elles sont nécessaires, poursuit la porte-parole de l’OSAR.

Violences dénoncées

En 2021, plusieurs médias et des ONG avaient fait état d’actes de violence de la part du personnel des services de sécurité dans les centres fédéraux d’asile.

Le SEM avait alors commandé une enquête à un ancien juge fédéral, qui était arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas d’indices de violences systématiques dans ces structures. Le SEM avait pris des mesures après que les cas ont été rendus publics. Des employés de sécurité avaient notamment été suspendus.

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