Récoltant 9375 voix seulement, Fernand Cuche n’a pas bénéficié de la prime au sortant. Le ministre écologiste peine à expliquer les raisons de ce désastre. Interview.

Le Temps: Comment expliquer un tel désaveu: vous obtenez moins de la moitié des suffrages recueillis en 2005?

Fernand Cuche: J’espère d’abord que ce désaveu n’est que passager. Peut-être que le déneigement réduit a suscité la grogne. Il y a aussi eu des affaires insignifiantes, montées en épingle et en polémiques. Et la presse s’y est engouffrée. D’aucuns se sont ingéniés à me disqualifier, gratuitement. Mais je dois constater que mon bilan a fait des déçus, et on m’a sanctionné. Je suis moi-même déçu de ce résultat, bien sûr.

– Estimez-vous que vous payez le fait que vous ayez gouverné en dilettante?

– C’est une critique qui m’a poursuivi durant les quatre ans du mandat. Elle s’est renforcée durant la campagne. Même le président du Grand Conseil a grossi le trait. A l’analyse de mon action, ça ne tient pas. Voyez le dossier du Transrun. On a prétendu qu’il n’avançait pas. Et nous avons tenu les délais. J’ai aussi proposé une loi sur l’énergie qui correspond à ce que préconise un élu vert. Contrairement à ce que d’aucuns ont pu dire, j’ai fait avancer les dossiers. Il n’y a pas d’argument pour démontrer le dilettantisme que vous mentionnez. Le travail que j’ai réalisé est en adéquation avec mes engagements. Mais ça n’a pas été reconnu.

– Pourquoi votre image s’est-elle tant dégradée?

Quand j’ai été élu au Conseil national, en 1999, on m’a présenté comme un Messie. C’était idéalisé. Et, aujourd’hui, je chute. C’est la vie. J’ai pris, avec le gouvernement, des décisions difficiles, qui affectent les libertés individuelles et un certain confort luxueux.

– Jean Studer a lui aussi pris des décisions délicates, et il est plébiscité…

– Tant mieux, je suis heureux pour lui.

– Allez-vous rester en lice?

– Je dois en discuter à l’interne avec les Verts, puis avec les socialistes. Le résultat des Verts au Grand Conseil sera aussi déterminant. S’il faut un candidat vert au second tour, je serai ce candidat.