La Confédération n’a pas encore pris de décision sur la transformation de la caserne de Moudon (VD) en centre d’accueil fédéral de requérants d’asile, a indiqué lundi la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga à l’heure des questions du Conseil national. Mais le canton de Vaud avait été informé «de manière confidentielle» en juin dernier par le département, a assuré la ministre, en réponse à des élus vaudois fâchés par la reconversion envisagée.
La place d’armes de Moudon fait partie de celles qui sont destinées à être sacrifiées par le programme d’économies de l’armée suisse. La perspective de voir s’installer 540 requérants dans cette commune de 5000 habitants a suscité, la semaine dernière, la colère des autorités vaudoises, en particulier du conseiller d’Etat Philippe Leuba, qui s’est plaint de ne pas avoir été informé.
Alors, qui savait quoi? Philippe Leuba a assuré lundi soir, sur les ondes de la RTS, que le canton de Vaud savait que Moudon figurait sur la liste des places à démilitariser, mais que l’intention de l’Office fédéral des migrations (ODM) d’en faire un centre d’asile n’avait jamais été communiquée.
Ce n’est pas ainsi que Simonetta Sommaruga et ses services présentent le déroulement des événements. Lors de la conférence nationale sur l’asile en janvier de cette année, il avait été décidé d’une régionalisation de l’asile et du recours à des infrastructures militaires abandonnées par l’armée, a rappelé lundi la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP). L’ODM a ensuite reçu pour mandat de recenser les besoins (pour des centres pour requérants, centres pour requérants récalcitrants, centres de renvois, etc.), et le Département de la défense celui de faire des offres de lieux.
C’est dans ce cadre que le nom de Moudon est apparu, mais au milieu d’une douzaine d’autres. En découvrant que la caserne de Moudon serait abandonnée, aussi bien le DDPS que l’ODM l’ont mise sur la liste des sites à étudier. Mais le lieu n’est pas plus retenu que tous les autres, assure l’administration fédérale. La fermeture de la caserne offre une opportunité au DFJP, sans plus. Quant à la Ville de Moudon, elle n’a pas été informée du sort qui attendait la caserne, car le Département de la défense estime que ses partenaires directs dans ce domaine sont les cantons, a précisé lundi le ministre de la Défense, Ueli Maurer.
L’ODM doit faire connaître des options avant la fin de l’année. Il n’y a donc pas de raison d’agiter le spectre des requérants pour Moudon, mais pas de raison de l’exclure non plus, précise-t-on à Berne. Car d’autres facteurs seront pris en compte que la seule disponibilité de locaux. Des entretiens avec la commune ne seront entamés que lorsqu’il y aura une certitude qu’un centre devrait ouvrir dans cette commune, a précisé Simonetta Sommaruga. La ministre a souligné l’importance de ces discussions, mais, selon elle, la pratique montre que les centres de requérants fonctionnent très bien.
Problèmes de cohabitation
Les réponses de Simonetta Sommaruga n’ont convaincu que partiellement les conseillers nationaux vaudois. Le PLR Olivier Feller, notamment, compte aller plus loin. «Vouloir installer 540 requérants dans une commune qui compte 5000 habitants et accueille déjà un centre hébergeant quelque 150 requérants peut poser des problèmes de cohabitation et il faut être sensible aux craintes de la population», explique-t-il. Le conseiller national veut savoir selon quels critères la Confédération décide de transformer une infrastructure militaire en centre pour requérants. «J’estime que la Confédération doit tenir compte du pourcentage de requérants par rapport au nombre d’habitants d’une commune», ajoute-t-il.