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Le tourisme estival est en plein essor à Sion. Mais la ville peine à vendre sa culture et s’imagine station de ski
Le ski et le marché des résidences secondaires ont longtemps occulté l’attrait touristique des villes valaisannes. Mais depuis que Sion a transformé son centre-ville en zone piétonne, la ville prend lentement conscience de son potentiel. «Les châteaux de Valère et Tourbillon sont des emblèmes aussi significatifs que le Cervin ou le jet d’eau de Genève», affirme Jean-Marc Jacquod, directeur de l’Office du tourisme de Sion.
La preuve, c’est que depuis quatre ou cinq ans les touristes sont là. Le phénomène est nouveau et Jean-Marc Jacquod ne sait pas combien de visiteurs s’arrêtent dans la capitale chaque année parce qu’aucune étude économique n’a été faite dans ce secteur pourtant «en plein essor», décrit-il. Il estime par contre que 70 000 à 100 000 personnes visitent Valère chaque année. Le directeur de l’Office du tourisme présente aujourd’hui un nouveau dépliant qui décrit toutes les activités se déroulant sur ce site: des concerts sur le plus vieil orgue jouable au monde aux fresques de la basilique en passant par le musée d’histoire ou encore le château voisin de Tourbillon.
Dans le petit monde de Sion où le tourisme est un concept neuf, c’est un événement d’avoir réuni tous ces acteurs aux intérêts divers dans une même communication. «Cela semble une chose normale, je suis d’accord, et ça fait sans doute longtemps qu’on aurait dû le faire», reconnaît Jean-Marc Jacquod. «Cela nous permet de montrer que le château que nous avons choisi comme image forte n’est pas une coquille vide mais qu’il s’y passe des choses.»
La ville a quitté la destination «Cœur du Valais» pour voler de ses propres ailes en 2010. «Nous avions des besoins différents de ceux des stations de montagne», explique Jean-Marc Jacquod. Depuis, Sion s’est positionnée comme «ville gourmande». «De nombreux restaurants existent en ville et nous avons choisi de mettre en avant le terroir, le vignoble en terrasse et ses encaveurs, le plus grand verger de pommes bio de Suisse…» Faute de lieu d’hébergement, Jean-Marc Jacquod vend la capitale aux visiteurs des stations de montagne. «C’est inutile de faire une promotion internationale de Sion s’il n’y a pas d’hôtels touristiques à disposition», estime-t-il. «En tant que politique, nous avons déjà réalisé plusieurs aménagements urbains qui peuvent rendre la ville attractive pour des hôteliers», répond le président de la ville Marcel Maurer. «Deux projets pourraient naître d’ici deux ou trois ans, l’un près de la gare et le second dans la vieille ville.»
Jean-Marc Jacquod cite quelquefois l’important patrimoine historique de la ville et ses 7000 ans d’histoire qui en font l’une des villes les plus anciennes de Suisse. Mais la ville des musées cantonaux, de nombreux festivals de musique, de plusieurs théâtres et lieux d’art contemporain n’est pas vendue comme ville culturelle, si ce n’est quelques pages dans la brochure générale sur la ville. «Il faut laisser du temps au temps», estime Jean-Marc Jacquod. «Nous avons déjà créé un mémento culturel mais il faudrait que les acteurs culturels se fédèrent et établissent un projet avec la déléguée culturelle», explique-t-il, soulignant aussi que les visiteurs viennent avant tout à Sion une journée pour faire les magasins. «Nous avons conscience du potentiel touristique de la culture au niveau touristique», explique Gaëlle Métrailler, déléguée culturelle de Sion. «Mais il n’y a pas de volonté immédiate dans ce sens pour la création de brochures touristiques en version imprimée uniquement dévolues à la culture sédunoise. En effet, de nouveaux lieux culturels pourraient ouvrir, rendant caduques les communications que nous aurions déjà faites.»
La culture, c’est bien sûr un potentiel à développer aussi aux yeux de Marcel Maurer. Mais le président insiste à plusieurs reprises: lui rêve de Sion station de ski. Depuis janvier et la fusion de sa commune avec celle de Salins sur le coteau de la rive gauche, la ville de Sion étend son territoire jusqu’au pied de la piste de l’Ours. «Alors que nous avons une gare principale, un aéroport civil et une autoroute, il serait stupide de ne pas offrir une liaison directe par télécabine jusqu’au domaine skiable.» La plaine se rêve encore montagne.
Ses 7000 ans d’histoire en font l’une des plus anciennes villes de Suisse