Les sirènes, une histoire suisse
Alarme
Le test national annuel durera de 13h30 à 15 heures au moins. Le pays compte plus de 8000 sirènes pour l’alarme générale, dont le réseau est en cours de renouvellement
«Les catastrophes se produisent en général de façon soudaine», philosophe l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP). Cette soudaineté n’empêche pas les autorités de peaufiner leur système d’alerte en cas danger. Ce mercredi, ce sera dès 13h30: le grand test annuel des sirènes. Il se déroulera en plusieurs phases. D’abord, les sirènes générales, celles que la quasi-totalité de la population est censée entendre. Le signal de l’alarme générale est constitué d’un «son oscillant continu qui dure une minute», indique l’administration fédérale. Pour le test, il est émis trois fois, afin d’évaluer les niveaux de coordination: le lancement de l’avertissement au niveau national, sa prise en charge par les protections civiles cantonales, et l’expérimentation au niveau des appareils eux-mêmes. Dès 14h15, c’est au tour des régions situées en aval des barrages d’avoir droit au test de leurs propres sirènes, dédiées à l’alarme-eau.
La mise en place d’un système d’alerte national remonte à l’ordonnance du 18 septembre 1936, alors pour la défense antiaérienne. Les tests techniques sur l’ensemble du territoire ont débuté dans les années 1970. Au début des années 1980, les sirènes électromécaniques, en vigueur à cette époque, ont fait l’objet d’une vaste révision générale. Ces appareils avaient le bénéfice d’une longue durée de vie, mais il est peu à peu devenu difficile de trouver des pièces de rechange. «Depuis le milieu des années 80», raconte la protection civile vaudoise sur son site, «on fabrique principalement des sirènes électroniques. D’excellente qualité et plus puissantes, elles ont cependant une durée de vie moyenne plus courte due essentiellement aux évolutions technologiques.»
La Suisse compte plus de 8000 sirènes d’alerte générale, et 700 pour l’alarme-eau. Le réseau qui commande ces dispositifs est en cours de modernisation; l’OFPP mène son projet «Polyalert», motivé notamment par le fait que Swisscom, qui assurait l’infrastructure technique, a résilié le contrat. La mise en œuvre de la nouvelle installation conduira au renouvellement du maillage technique national d’ici à la fin de cette année pour l’alarme-eau, puis à fin 2015 pour les sirènes générales. Le contrôle des sonneries relève de l’Office fédéral de métrologie, dit Metas, qui précise: «Afin de permettre une planification effective (types de sirènes, quantité, emplacements et orientation idéal), le Metas détermine de manière objective les propriétés acoustiques des modèles disponibles dans sa salle anéchoique» – c’est à dire un espace sans aucun écho.
La tenue du test annuel n’est pas une mince affaire pour les responsables cantonaux. A Genève, qui compte 114 sirènes générales et quatre d’alarme-eau, le Département concerné relève que «le contrôle acoustique des sirènes est effectué par les différentes organisations de protection civile du canton, qui mobilisent environ 325 personnes pour cette occasion».
Pour une expérience pilote, à Bâle-Ville, le test de cette année n’oubliera pas les sourds. Le canton met sur pied un système d’alerte par SMS, offert aux malentendants qui se sont préalablement inscrits en laissant leur numéro de téléphone portable – une trentaine, à la date de vendredi dernier. Bâle-Campagne songe à faire de même.
Cette année, la grande répétition générale est doublée d’une campagne d’information sur les risques nucléaires. Les services fédéraux indiquent que «les habitants des zones entourant les centrales nucléaires recevront prochainement par la poste de nouveaux documents d’information au sujet des mesures de protection à prendre en cas d’urgence».