Une section neuchâteloise de la Croix-Rouge suisse (CRS) a porté plainte contre son comptable, soupçonné de détournements pour un montant d’au moins 600 000 francs. Le juge d’instruction a ouvert une enquête sur les malversations imputées à l’employé indélicat.
Les détournements ont été commis aux dépens de l’antenne de la CRS active sur le Littoral neuchâtelois et dans le Val-de-Ruz (NE). Les responsables de la section ont dévoilé mercredi à Neuchâtel, lors d’une conférence de presse, la plainte en escroquerie et faux dans les titres adressée le 10 avril au Ministère public.
Les 600 000 francs de préjudice constatés à ce jour découlent de vérifications remontant jusqu’à l’année 2006. Il n’est pas exclu que l’enquête en cours révèle d’autres malversations, a indiqué Pierre Dubois, président de la section lésée et ancien conseiller d’Etat. Faux dans les titres
Selon lui, le comptable indélicat avait aussi la haute main sur les flux financiers relatifs aux avoirs bancaires de la CRS. Grâce à des faux dans les titres, il est parvenu à détourner à son profit des sommes figurant dans les soldes de bouclement annuel des comptes de la section.
Les malversations ont été repérées en avril par la fiduciaire chargée de la vérification des comptes. L’employé indélicat n’a pas pu fournir d’explications sur des sommes soustraites des opérations de bouclement. Des maladresses jusqu’alors évitées dans la fabrication des faux ont mis la puce à l’oreille des vérificateurs.
Le montant du préjudice mis au jour pour la seule année 2009 s’élève à 175 000 francs. Le comptable poursuivait son activité à titre bénévole depuis 1995. Il exerçait son mandat à la suite d’un placement opéré par l’Etat dans le cadre des mesures de crise instaurées pour lutter contre le chômage.
Au terme de son mandat, le comptable avait demandé à poursuivre son activité sous forme non rémunérée, comme le veut l’usage à la CRS. «Nous ne nous sommes jamais posé la question de ses moyens d’existence», a déclaré à ce sujet Kathrin Roth, secrétaire générale de la section.
«Cet homme plutôt discret, proche de l’âge de la retraite, se révélait compétent dans son domaine», a-t-elle ajouté. «Il a toujours laissé entendre qu’il disposait de suffisamment de ressources personnelles pour assurer ses moyens d’existence».
Les personnes prises en charge par la CRS sont les premières victimes des malversations, a précisé Pierre Dubois. Les sommes détournées auraient dû servir le développement des activités de la CRS. Celle-ci est compétente notamment dans les soins à domicile, la garde d’enfants et le transport de personnes à mobilité réduite.
Les pourvoyeurs de dons et les partenaires de la CRS ont été informés de la situation, a ajouté l’ancien conseiller d’Etat. Il a formulé le vœu que les dégâts causés à l’image de l’institution ne vont pas se traduire par une baisse de ses revenus et de ses activités.