C’est la dernière ligne droite pour le plan directeur cantonal genevois, qui, après une genèse tumultueuse, devrait être adoubé le 19 ou le 20 septembre par le Grand Conseil avant d’être soumis à la Confédération. Le Conseil fédéral se prononcera à son sujet l’an prochain. Les travaux de la commission parlementaire de l’aménagement sont à bout touchant. «Le Département de l’urbanisme apporte actuellement les correctifs que la commission a demandés», informe son président, l’écologiste François Lefort. «La commission procédera au vote final le 28 août. Et il sera positif, peut-être même unanime, à moins que l’UDC et le MCG ne s’opposent.» L’appui des partis gouvernementaux semble en revanche acquis.
Le plan directeur cantonal (PDCn), qui définit les grandes orientations de l’essor urbain genevois sur la période allant de 2015 à 2030, revient de loin. Lancé en 2009, le projet a fait l’objet à la fin de 2011 d’une cabale dans les communes: grandes ou petites, deux tiers d’entre elles avaient manifesté leur opposition. Un climat d’opprobre qui a pesé sur les derniers mois de pouvoir du ministre de tutelle, Mark Muller.
Ambiance pacifiée
Après sa démission, François Longchamp a repris le dossier et saisi son bâton de pèlerin pour convaincre les mairies. «L’ambiance s’est clairement pacifiée, déclare le conseiller d’Etat. Mon travail a été de renouer avec les communes et cela n’a pas toujours été facile. Mon souci était que les communes, à défaut d’être enthousiastes, puissent accepter ce plan. Nous avons insisté sur la rareté du terrain et la nécessité de densifier, tout en restant conscients que les communes ne peuvent pas grandir trop rapidement. Quand on arrive à Berne avec un plan qui bénéficie d’un large soutien et qui respecte la nouvelle loi fédérale sur l’aménagement du territoire, c’est un grand avantage.»
Selon le magistrat, les retouches apportées au PDCn par le parlement sont moindres que celles qu’avait administrées antérieurement le Conseil d’Etat et qui ont visé notamment à éliminer du plan les développements urbanistiques jugés irréalisables durant la période couverte. Si les amendements parlementaires qui ont passé la rampe peuvent avoir un impact certain sur le plan local, le visage global du plan n’a pas été bouleversé, d’après François Haldemann, qui rédigera le rapport de la commission et se dit certain de voir le PDCn passer la rampe. «Les partis gouvernementaux veulent ce plan, affirme le député radical. Mais satisfaire tout le monde à 100% est impossible: la matière est si vaste.» François Lefort en sait quelque chose: «Nous avons notamment tenté de réduire l’emprise sur la zone agricole à Bernex ou Perly-Certoux, quitte à densifier ailleurs, mais aucun des amendements demandés par les Verts n’a été adopté», déplore l’écologiste.
A droite de l’échiquier, un front du refus s’ébauche. «En l’état, nous n’acceptons pas ce plan, avertit le MCG Sandro Pistis. Prétendre que l’on va construire des milliers de logements est un pur coup publicitaire. Nous souhaitons maintenir la zone villas. Le plan favorise excessivement la mobilité douce. Et l’aménagement des abords des gares n’est fait que de béton: on est en train de franciser Genève!»
«La situation du logement reste compliquée et il faut bien bâtir quelque part, réplique François Haldemann. Certains rejettent tout déclassement de zone agricole ou de zone villas, refusant d’assumer la croissance genevoise, sans apporter de véritable contreproposition. Or on ne peut pas stopper l’évolution de la société. L’alternative serait d’augmenter la fiscalité et de faire fuir les multinationales: nous aurions alors du logement, mais plus d’emploi!»