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Le stockage de déchets nucléaires dans l’Ain inquiète Genève

Suspendue pendant deux ans, la construction du site d’Iceda en France voisine devrait reprendre, malgré l’opposition écologiste

Le site de stockage des déchets nucléaires Iceda (Installation de conditionnement et d’entreposage de déchets activés) du Bugey dans l’Ain pourrait finalement ouvrir. Une commission d’enquête désignée par le Tribunal administratif de Lyon a rendu le 28 juillet dernier un avis favorable à la demande de permis de construire déposée par EDF (Electricité de France) à Saint-Vulbas. L’information passée inaperçue a été reprise par l’association Sortir du nucléaire (SDN) qui vient d’adresser un courrier au préfet de l’Ain pour l’alerter des dangers de ce centre.

Pour rappel, Iceda conditionnera dans un vaste entrepôt (8000 m2) une partie des déchets nucléaires des neuf réacteurs d’EDF en cours de déconstruction. Le groupe a porté son choix sur ce site en raison de la proximité d’une voie ferrée qui acheminera les déchets et de la disponibilité d’un terrain situé près de la centrale nucléaire du Bugey. Commencés en 2010, les travaux de construction qui devaient s’achever en 2014 ont été suspendus en juin 2012 sur décision de justice, suite à la plainte d’une entreprise horticole voisine du chantier. Le permis de construire déposé par EDF était en violation avec le Plan local d’urbanisme (PLU) de Saint-Vulbas.

Par ailleurs, des mouvements écologistes ont déposé de multiples recours devant la justice. «Iceda se construit à 10 mètres du Rhône, l’impact est à haut risque pour le fleuve et la nappe souterraine, argue Claude Cassé, porte-parole de SDN. Et la rupture en amont du barrage de Vouglans après, par exemple, un séisme, engendrerait une catastrophe. EDF nous dit que la vague de 10 mètres n’inonderait pas le site nucléaire, on peut en douter.»

Les regards tournés vers la Suisse

Depuis, le Conseil municipal de Saint-Vulbas a modifié le PLU, ouvrant ainsi la voie à une possible reprise du chantier. «EDF a exercé beaucoup de pressions auprès des élus», accusent les opposants. Leurs recours ayant été rejetés, ils comptent désormais sur ceux déposés en juillet 2012 par la Ville et le canton de Genève auprès du Conseil d’Etat français. Un article de la Constitution stipule en effet que «les autorités cantonales s’opposent par tous les moyens juridiques et politiques à l’installation de centrales nucléaires, de dépôts de déchets radioactifs et d’usines de retraitement sur le territoire du canton et dans son voisinage».

A vol d’oiseau, Iceda est à 70 km de Genève. Le département du conseiller d’Etat Pierre Maudet a fait savoir qu’il n’avait reçu aucune information officielle au sujet de l’éventuelle reprise du chantier sur le site. Le service de presse d’EDF a indiqué que le recours genevois, toujours en attente d’être étudié, «n’était de toute façon pas suspensif et que donc le chantier pourrait rapidement redémarrer».

De son côté, le conseiller administratif genevois Rémy Pagani, qui en mai dernier a rencontré trois commissaires de l’Autorité de sûreté nucléaire, estime que rien n’est joué: «Ces spécialistes m’ont dit que le Bugey était un dossier aussi chaud que Fukushima et qu’un avis favorable de leur part était loin d’être acquis».