Ignazio Cassis, Pierre Maudet et enfin Isabelle Moret: les trois papables attendus sont désormais tous entrés en lice dans la course à la succession de Didier Burkhalter au Conseil fédéral. Après avoir gardé le silence durant six semaines, la conseillère nationale vaudoise de 46 ans a elle aussi décidé de briguer la fonction suprême. Elle y ambitionne d’y relever le défi de l’innovation.

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Le grand paradoxe d’Isabelle Moret

C’est le grand paradoxe de la situation. En faisant acte de candidature, Isabelle Moret ne joue pas l’atout femme. «Etre une femme apporte une expérience de vie différente, mais n’est pas un atout politique», estime-t-elle.

Notre interview d’Isabelle Moret: «Etre une femme n’est pas un argument politique»

Pourtant, la question des genres jouera assurément un rôle dans la désignation du ticket par le groupe parlementaire du PLR, puis lors de l’élection au Conseil fédéral elle-même. En Suisse alémanique notamment, la pression monte. Alors que Doris Leuthard a programmé sa démission et qu’elle sera probablement remplacée par un homme, la perspective d’un Conseil fédéral réduit à une femme sur sept membres alarme de plus en plus d’élues fédérales, dont certaines parlent même de «vision d’horreur». Ce dimanche, le Sonntagsblick a d’ailleurs mis en scène un serment prêté par trois femmes sur le Grütli!

Une compétition en deux temps

On semble désormais s’acheminer vers une compétition en deux temps: le 1er septembre, le groupe du PLR choisira qui il placera sur son ticket au Conseil fédéral. Alors que le Tessinois Ignazio Cassis est quasiment sûr d’y figurer, le duel romand sera serré entre Pierre Maudet (39 ans) et Isabelle Moret (46 ans).

D’un côté, un pur-sang de la politique qui se présente comme le candidat de la jeunesse, au bénéfice d’une expérience d’exécutif lors de laquelle il a prouvé son indépendance d’esprit, aussi dur en matière de politique de sécurité que capable de régulariser des sans-papiers.

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De l’autre, une conseillère nationale siégeant depuis onze ans à Berne, vice-présidente du PLR durant huit ans, qui s’est forgé une réputation de politicienne très compétente en matière de santé notamment. Elle aussi a su travailler avec la gauche, sur la déduction fiscale pour la garde d’enfants par exemple, comme avec l’UDC dans le dossier de l’asile.

Maudet plus offensif sur l’Europe

Ces deux politiciens semblent donc assez proches, sauf peut-être sur le dossier européen où Pierre Maudet apparaît clairement plus offensif. Dans un canton – le premier en Suisse – qui a mis sur pied une Inspection paritaire des entreprises (IPE), il n’hésite pas à parler des mesures d’accompagnement qu’il faut prendre pour lutter contre les abus de la libre circulation des personnes, un tabou désormais au sein de la droite en Suisse alémanique. De son côté, Isabelle Moret joue l’expectative, estimant qu’un accord institutionnel avec l’UE n’est pas d’actualité dans la mesure où il ne recueillerait pas une majorité populaire.

Un avantage Moret

Le match romand est ouvert, mais avantage tout de même à Isabelle Moret qui est beaucoup plus connue à Berne que Pierre Maudet. Pour le 20 septembre, jour de l’élection au Conseil fédéral, Ignazio Cassis reste le grand favori. En Suisse alémanique, nombreux sont les députés qui estiment que l’heure d’un Tessinois a sonné après 18 ans d’absence au Conseil fédéral. Président du PDC, le Zougois Gerhard Pfister estime que «l’argument régional sera déterminant cette fois-ci». Or, ce parti aurait toutes les raisons d’en vouloir à Ignazio Cassis, lui qu’il accuse d’avoir mal assumé son rôle de président de la commission de la santé du Conseil national dans le dossier de la réforme des retraites.