Autant la succession de Johann Schneider-Ammann paraît jouée d’avance si Karin Keller-Sutter est candidate, autant celle de Doris Leuthard s’annonce ouverte. Cette année, il n’y a pas de favori naturel, s’accordent à dire tous les observateurs. Comme il fallait s’y attendre, personne ne s’est encore déclaré. «C’est la journée de Doris Leuthard, il faut lui rendre l’hommage qu’elle mérite», ont répété tous les papables en chœur.

Au PDC, trois fortes personnalités avaient déjà décliné une candidature avant même que la course ne débute. Le président Gerhard Pfister, parce qu’il doit conduire le parti aux prochaines élections fédérales; le chancelier Walter Thurnherr, parce qu’il est déjà dans le saint des saints; et enfin l’influent sénateur Konrad Graber, qui a surpris tout le monde en déclarant voici un mois qu’il tournait la page de la politique à la fin de la législature.

Deux sénateurs en pole position

Malgré cette dernière défection, les deux favoris sont toujours à chercher au Conseil des Etats. Il y a d’abord le Soleurois Pirmin Bischof, «jeune» papa de 59 ans de deux enfants âgés de 4 ans et de 3 mois. «Je ne peux rien dire aujourd’hui quant à une éventuelle candidature», déclare-t-il. Dans la foulée, il précise qu’il rentre chez lui tous les soirs pour retrouver sa nouvelle petite tribu et qu’il ne voit pas là un handicap rédhibitoire, bien au contraire. «Depuis que j’ai des enfants, je porte un autre regard sur certains dossiers. En général, un politicien réfléchit tout au plus à un horizon de quatre ans, le temps d’une législature. Maintenant, je me pose beaucoup plus souvent la question de la société que je vais transmettre à la prochaine génération», confie-t-il.

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Autre prétendant avec lequel on ne comptait guère voici un an: Erich Ettlin. Certes, cet Obwaldien de 56 ans ne siège au Conseil des Etats que depuis 2015, mais il s’y est fait remarquer dès la première session, transgressant ainsi une règle tacite. C’est lui qui a proposé d’opposer un contre-projet à l’initiative sur la sphère privée (le secret bancaire) de l’UDC Thomas Matter.

Même si son idée sera abandonnée, cet expert fiscal refait parler de lui peu après en étant l’auteur d’une motion du PDC pour introduire un frein dans les dépenses de la santé. Comme tous les autres, Erich Ettlin ne s’est pas déclaré, mais il ne cache pas que la fonction de conseiller fédéral est une «tâche passionnante». Dans l’immédiat, ce père de famille de deux enfants de 20 et 22 ans part en vacances à Paris et Marseille, où il aura l’occasion de perfectionner son français.

Deux femmes pressenties

Selon toute vraisemblance, le PDC présentera un ticket mixte. Du côté féminin, rien n’a changé. On cite toujours les mêmes noms de Viola Amherd et d’Elisabeth Schneider-Schneiter. La première, Valaisanne, demande du temps pour réfléchir. Mais il est quasiment sûr qu’elle figurera sur la liste des papables. «J’aime avoir des idées et les réaliser, ce que j’ai pu faire en tant que syndique de Brigue. En ce sens, oui, j’aime le pouvoir», remarque-t-elle.

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Elisabeth Schneider-Schneiter sera aussi probablement partante, même si elle juge encore «prématuré» d’évoquer sa candidature dans la mesure où elle compte d’abord consulter son mari et ses deux enfants de 16 et 18 ans. Mais déjà, elle note que son canton de Bâle-Ville n’a plus été représenté au Conseil fédéral depuis plus de cent ans. Présidente de la Commission de politique extérieure du Conseil national, elle s’est dernièrement beaucoup engagée pour la conclusion d’un accord institutionnel avec l’Union européenne.

A cette course pourraient aussi participer deux outsiders: le conseiller aux Etats et actuel président de la Conférence des gouvernements cantonaux Benedikt Würth (SG), qui a cependant le handicap d’être inconnu à Berne, et le jeune conseiller national Martin Candinas (38 ans). Père de trois enfants en bas âge, le Grison avait renoncé à se porter candidat à la présidence du parti en 2016. Mais ce jeudi, son refus total de s’exprimer sur une éventuelle candidature laisse entendre qu’il y songe peut-être plus sérieusement qu’on l’imagine.


Quatre favoris à la succession

Pirmin Bischof

Originaire de Soleure, Pirmin Bischof (59 ans) est avocat et notaire. Il a étudié à Berne puis à Harvard. Marié et père de deux enfants, il a été conseiller national entre 2007 et 2011 avant de passer au Conseil des Etats. Membre du conseil d’administration de la centrale nucléaire de Gösgen, ses prises de position proches de l’économie et de la finance en font un candidat fort apprécié au PLR et à l’UDC. Ses origines soleuroises pourraient toutefois être un désavantage, le Mittelland étant déjà fort bien représenté au Conseil fédéral.

Viola Amherd

Haut-Valaisanne de 56 ans, célibataire, Viola Amherd est vice-présidente du groupe PDC, qu’elle dirige en l’absence de Filippo Lombardi. Son nom reste inconnu du grand public. Peu charismatique, elle n’en est pas moins populaire et cartonne sur les listes panachées lors des élections. Conseillère nationale depuis 2005, elle est avocate, notaire et siège au conseil d’administration de Migros Valais et de la société de chemins de fer BLS. Son profil «Smartvote» la situe légèrement plus à gauche que les autres candidats.

Elisabeth Schneider-Schneiter

A 54 ans, Elisabeth Schneider-Schneiter est la plus jeune des quatre. Licenciée en droit, la native de Bâle-Campagne est mariée et mère de deux enfants. Conseillère nationale depuis 2010, elle a gagné plus de votations que quiconque lors de la dernière législature, ce qui n’en fait pourtant pas encore un poids lourd au parlement. Présidente de la Chambre de commerce bâloise, elle est aussi membre de la direction d’Economiesuisse. Elle est protestante, ce dont certains, au PDC, lui font grief.

Erich Ettlin

Ressortissant d’Obwald, Erich Ettlin, 56 ans, est fiscaliste, marié et père de deux enfants. Seul papable sans diplôme universitaire, il a commencé sa carrière professionnelle par un apprentissage de commerce puis a dirigé l’administration des impôts de son canton. Conseiller aux Etats depuis 2015, il siège au conseil d’administration de l’assurance CSS, où il a remplacé Konrad Graber, qui, dit-on, parraine sa candidature.