Succession Schneider-Ammann: le Parti libéral-radical se dote d’une sorte de «lex Maudet»
Conseil fédéral
La direction du parti définit les critères à remplir par les candidats et candidates. Ceux-ci devront s’engager à tout mettre sur la table. Des informations pourront être recueillies auprès de tiers

Les candidats(e)s à la succession de Johann Schneider-Ammann devront être au bénéfice d’une «réputation irréprochable dans la vie politique, professionnelle ou privée». C’est l’un des dix critères, sans doute le plus important, définis mercredi par la direction du PLR pour la campagne électorale qui démarre. «Ils et elles devront s’engager par écrit à tout mettre sur la table devant le jury d’examen qui les auditionnera et fera rapport au parti», explique la présidente Petra Gössi, qui a confirmé qu’elle ne serait pas candidate elle-même car elle s’est engagée à conduire le parti aux élections fédérales de l’année prochaine.
Un jury de trois personnes
Composé des anciens parlementaires fédéraux Felix Gutzwiller (ZH) et Gabi Huber (UR), ainsi que de l’avocat et conseiller national neuchâtelois Philippe Bauer, le jury de sélection aura aussi la possibilité d'«obtenir des informations de tiers». «Nous vouons une attention toute particulière à la réputation en raison de certaines polémiques. Nous voulons travailler sur la confiance et défendons un principe cher: la responsabilité personnelle et individuelle. Nous attendons que tout soit dévoilé, par exemple les cadeaux et les voyages qui pourraient être litigieux ou les circonstances d’un divorce, qui peut être lié à de la violence ou à des litiges judiciaires à propos de pensions alimentaires. Mais le jury doit pouvoir mener des investigations. Pour que des informations puissent, si nécessaire, être demandées à des tiers, privés ou acteurs publics, les candidat(e)s devront donner leur autorisation», détaille le vice-président du PLR, Christian Lüscher.
Ce qu’on peut qualifier de «lex Maudet» est aussi inspiré de l’affaire Zuppiger, du nom d’un ancien candidat que l’UDC avait pressenti pour le Conseil fédéral avant de découvrir son implication dans une affaire de détournement d’héritage.
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«Ce serait bien d’avoir une femme»
Celles et ceux qui se lanceront dans la course devront répondre à neuf autres critères, dont la capacité à mener une politique consensuelle, qui est «le code génétique de notre pays», relève Christian Lüscher. Riche expérience professionnelle, crédibilité, défense des valeurs libérales, force de persuasion, aisance médiatique et maîtrise des langues, proximité avec la population, potentiel de mobilisation et disposition à collaborer avec le parti sont les autres atouts exigés. Ce profil semble taillé sur mesure pour la grandissime favorite, la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, actuelle présidente du Conseil des Etats.
Le PLR n’a toutefois pas voulu restreindre le choix à des candidatures féminines et alémaniques. «Nous voulons le processus le plus ouvert possible. Mais ce serait bien d’avoir une femme, c’est dans l’esprit du temps», commente, à titre personnel, Petra Gössi. «Et le siège est évidemment alémanique», complète Christian Lüscher. Mais celle ou celui qui sera élu(e) sera également appelé(e) à représenter le PLR en Suisse romande. «Johann Schneider-Ammann s’est systématiquement montré disponible pour venir aux réunions du PLR en Suisse romande lorsque la présence d’un conseiller fédéral était souhaitée», reprend Christian Lüscher. Une critique à peine voilée adressée à Didier Burkhalter.
Mauvaise journée pour Johann Schneider-Ammann
La suite de la procédure? Les dossiers de candidature devront être déposés d’ici au 24 octobre. Ensuite, comme le PLR en a pris l’habitude, les prétendant(e) s sillonneront le pays pour aller à la rencontre des sympathisants entre le 25 octobre et le 14 novembre. Des rendez-vous seront fixés dans quatre cantons, dont un romand, promet Christian Lüscher. Le jury examinera les dossiers pour le compte et transmettra ses observations au parti. Le comité directeur émettra une recommandation le 9 novembre. Le groupe parlementaire composera son ticket – il devrait porter deux noms, selon l’usage en vigueur depuis une vingtaine d’années – le 16 novembre. Les aspirants officiels seront auditionnés par les autres formations politiques les 27 novembre et 4 décembre et l’élection est prévue le 5 décembre.
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Le PLR prendra formellement congé de Johann Schneider-Ammann lors du congrès du 12 janvier 2019. Petra Gössi et Christian Lüscher ont encore une fois rendu hommage à leur conseiller fédéral démissionnaire mercredi. Mais celui-ci a passé une mauvaise journée. Il a été chahuté à propos de l’exportation de matériel de guerre. Mais il a aussi subi un revers à propos de la concentration des sites de l’institut Agroscope à Posieux. Coup sur coup, le Conseil des Etats (mardi) et le Conseil national (mercredi) ont adopté chacun une motion qui demande de suspendre cette réorganisation.