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Une intégration «un peu forcée»
Le nouveau règlement représente une forme «d'intégration active», souligne Johanna Bartholdi, «un peu forcée», admet-elle aussi. Le corps enseignant s'est pourtant insurgé contre une règle qu'il jugent inutile, et qui les force à jouer la police dans la cour de récréation. «Nous avons pris en considération ce qu'ont dit les enseignants, tente de rassurer la maire. Le règlement précisera qu'ils ne devront intervenir que s'ils le jugent nécessaire».
Les autorités d'Egerkingen ont tout de même revu quelque peu leur copie. Ils abandonnent la sanction imaginée initialement, pour les élèves persistant, après deux avertissements, à parler leur langue maternelle. Le nouveau règlement prévoyait de leur assigner dix leçons obligatoires d'allemand au frais des parents. «Nous reconnaissons que cette sanction est inutile, car les enfants concernés maîtrise déjà la langue», explique Johanna Bartholdi. Surtout, l'obligation de financer des cours d'allemand aurait pu être contestée au regard du principe de gratuité de l'enseignement, inscrit dans la loi.
De nombreux détracteurs
Le nouveau règlement scolaire ne manque pas de détracteurs. La députée au grand conseil et présidente du parti socialiste de Soleure, Franziska Roth, a décidé de monter au front, déposant un recours administratif contre cette décision, qu'elle juge néfaste et contraire à la liberté de langue garantie par la Constitution.
Un argument balayé par Johanna Bartholdi. A ses yeux, cette liberté se limite à la sphère privée: «Nous pouvons imposer une langue dans l'enceinte de l'école. Les élèves sont sous notre responsabilité en dehors des cours également». La mesure contestée devra faire l'objet d'une examen du Département cantonal chargé de l’éducation et de la culture. Elle pourrait faire école en Suisse: le conseiller national UDC Walter Wobmann est prêt à déposer une interpellation au parlement fédéral pour réclamer l'imposition d'une langue officielle pour tous les élèves.