Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2021, Bernd frappe Zurich. Les rues sont transformées en rivières, les vents atteignent 100 km/h, beaucoup d’arbres tombent, des fenêtres volent en éclats. La soirée hante toujours la mémoire des habitants de la ville, qui n’avaient plus connu pareil déchaînement depuis Lothar en 1999. Une année plus tard, l’heure était ce mercredi au bilan pour les services forestiers de la cité. Qui ont emmené la presse – comme pour commémorer l’événement sous une pluie battante – se rendre compte de la situation sur le terrain.

Replanter des essences résistantes à la chaleur

Chapeau de cuir et veste fluo, Oliver Gerlach semble à peine remarquer les trombes d’eau qui s’abattent sur la forêt du Käferberg, au nord de Zurich. «Par ici», enjoint l’ingénieur forestier en allongeant le pas. Connue pour sa vue imprenable sur la ville, la colline a particulièrement souffert du passage de Bernd, dont les stigmates sont évidents. «Dans certaines zones, nous avons fait du nettoyage, indique le ranger en désignant une énorme pile de troncs (qui finiront en pelets). Dans d’autres, là où cela n'entraîne pas de danger, les arbres sont simplement restés au sol. C’est aussi bon pour la biodiversité.» Quels enseignements a-t-il tirés de l’événement?

«Il est toujours difficile de savoir pourquoi un arbre tombe et un autre pas, répond-il. Ce que nous savons cependant est qu’il est possible de minimiser les risques de se retrouver avec une parcelle entière au sol en mélangeant des arbres d’âges différents.» Pour ce faire, la ville «exploite» la forêt de manière dynamique et plante régulièrement de nouveaux spécimens. Mise en place depuis des années, la technique a permis d’éviter de trop gros dégâts en 2021. Elle prend désormais également en compte le changement climatique.

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«Certaines essences sont privilégiées pour leur résistance à la chaleur et la sécheresse, dit Oliver Gerlach. Notamment le chêne, le douglas, le noyer ou le châtaignier.» Contrairement au Jura, dont les forêts de hêtres sèchent actuellement sur pied à un rythme inquiétant, les bois de Zurich sont ainsi «en bonne santé», se réjouit l’ingénieur. Qui n’ignore pas pour autant les défis à venir. «Nous sommes toujours en train de nous occuper des suites de la tempête de l’année dernière et nous nous attendons à une recrudescence des événements météorologiques extrêmes, dit-il. Le travail devrait aller crescendo.» Tout comme les dépenses.

Près de 20 000 arbres endommagés

Ce mercredi, l’exécutif de la ville revenait de manière chiffrée sur la tempête lors de sa session hebdomadaire. Bilan: la réparation des dégâts causés par Bernd et le remplacement de quelques-uns des 19 000 arbres endommagés ont été budgétisés à la hauteur de 6 millions de francs. Ce coût comprend le recours à des compagnies privées, précise le Conseil municipal, qui concède que ses services n’ont pas pu se charger de l’ensemble des travaux «en raison d’un manque de ressources en personnel et en machines». La ville précise qu’elle n’a pas prévu de changer de méthode pour achever les travaux forestiers encore nécessaires à la suite de la tempête. Ceux-ci devraient se poursuivre durant encore «un à deux ans». A supposer qu’aucun successeur de Bernd ne vienne perturber l’agenda.