A Zurich comme à Genève, il est une infrastructure qui déchaîne tout particulièrement les passions: l’aéroport. Or, Kloten va actuellement au-devant de grands travaux, qui suscitent de grands débats.

Ce mardi, une étape supplémentaire a été franchie: la Commission cantonale de l’énergie, des transports et de l’environnement (KEVU) a émis la recommandation (rendue publique ce jeudi) serrée – 8 voix contre 7 – d’approuver le projet validé par le Conseil d’Etat. Mais déjà, alors que la pose de la première pierre demeure un rêve lointain, les critiques pleuvent – alors qu’une votation populaire est absolument garantie.

«Améliorer les retards, la sécurité et réduire le bruit»

La situation est la suivante: plus grand aéroport du pays, Zurich compte trois pistes, qui n’ont pas évolué depuis 1976. Particularité locale, l’Allemagne voisine ferme son espace aérien entre 21h et 7h du matin la semaine, entre 20h et 9h le week-end. Pour pouvoir opérer jusqu’à 23h, l’aéroport dont les avions atterrissent généralement en survolant l’Allemagne change son organisation en fin de journée. Passé 21h, les appareils n’arrivent plus du nord mais y décollent, avant de virer de bord avant la frontière, alors qu’ils atterrissent du côté est.

Cependant, c’est le nœud du problème, la piste est-ouest est plus courte, obligeant certains gros appareils à atterrir au sud… ce qui bloque les décollages vers le nord (les pistes se croisent) et suscite des retards en soirée – quand les riverains sont les plus sensibles au bruit. D’où le projet suivant: l’allongement de 400 et 280 mètres de deux des trois rampes de décollage – notamment l’est-ouest, qui pourrait ainsi accueillir tous types d’avions. Budget: 250 millions de francs. La manœuvre, argumentent Conseil d’Etat et aéroport, «permettra d’améliorer l’efficacité de la place aérienne, la sécurité, d’éviter les retards et de réduire le bruit en soirée». Une prévision «win-win»? Certains n’y croient pas.

Une décision parlementaire de deuxième importance

«Ni l’aéroport de Zurich ni le Conseil d’Etat ne veulent promettre de manière contraignante que l’extension des pistes n’entraînera pas d’augmentation des mouvements aériens», s’emporte ainsi le PS zurichois. «Les objectifs climatiques ne seront jamais atteints ainsi», abondent dans le même sens leurs homologues verts. «Il en faudra plus pour convaincre la population», conclut Fluglärmforum Süd, association de défense des citoyens contre les bruits de l’aéroport. Le PLR, l’UDC et les associations patronales saluent quant à eux la décision, à laquelle le parlement fraîchement réélu (un peu plus à droite que le dernier) pourrait bien donner son assentiment. Qu’il le fasse ou non, c’est cependant la population qui tranchera.

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«Quelle que soit la décision du Grand Conseil (qui devrait intervenir après l’été), explique Alex Gantner (FDP), président de la KEVU, l’aéroport est encadré par une loi spéciale qui permet de lancer un référendum contre une décision législative sur le sujet, qu’elle soit positive ou négative. Une votation populaire est donc certaine.» Prévue l’année prochaine, celle-ci devrait opposer une coalition de riverains et d’écologistes aux milieux économiques et conservateurs. Et comme tout ce qui concerne l’aéroport, elle donnera assurément lieu à une passe d’armes homérique.