Covid-19
A la suite de l’autorisation ce week-end du vaccin Pfizer/BioNTech sur le marché suisse, les cantons affinent leurs stratégies de vaccination. A Bâle, les premières dates sont prises d’assaut

Il n’aura fallu que trente petites minutes. En à peine une demi-heure, toutes les dates mises à disposition par le canton de Bâle-Ville en prévision du début de sa campagne de vaccination le 28 décembre ont trouvé preneurs. Au point de pousser les autorités à rapidement proposer des créneaux supplémentaires, eux aussi immédiatement réservés. Pour le gouvernement bâlois, cet engouement envoie un signal particulièrement réjouissant, d’autant que, selon un sondage, la moitié des citoyens suisses douteraient du vaccin. «Je salue l’intérêt et l’empressement des gens à se faire vacciner. La vaccination nous offre une chance de pouvoir, pas à pas, nous éloigner du virus», s’enthousiasme Lukas Engelberger, le directeur bâlois de la santé. Réservées aux plus de 65 ans, ces premières vaccinations permettront d’immuniser 1900 personnes d’ici à la fin de l’année.
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La Suisse centrale en tête
Bâle-Ville ne sera néanmoins pas le premier canton à se lancer dans la vaccination. Dès cette semaine, les régions de Suisse centrale, Lucerne en tête, déploieront leurs unités mobiles. Se rendant en priorité dans les établissements médicosociaux, ces équipes vaccineront les résidents qui le souhaitent et, si le nombre de doses à disposition le permet, le personnel soignant favorable au vaccin.
«Dans un premier temps, nous n’aurons accès qu’à un nombre limité de doses, tempère le directeur de la santé lucernois, Guido Graf, par voie de communiqué. Dès lors, nous ne pourrons pas satisfaire les demandes de tous ceux qui souhaitent se faire vacciner dans l’immédiat. Toutefois, dès que les vaccins seront disponibles en suffisance, l’offre sera ouverte à tous.»
Zurich ne se précipite pas
Refusant de céder à l’urgence, le canton de Zurich choisit, lui, de s’en tenir à son plan de vaccination initial. Présentée ce lundi, la feuille de route des autorités zurichoises prévoit une stratégie par paliers, qui démarrera le 4 janvier prochain. «Il est impératif de garantir l’efficience du dispositif plutôt que de précipiter le début de la campagne», a insisté Markus Näf, le chef de projet de la stratégie zurichoise de vaccination.
Dans ce canton qui compte plus d’un million et demi d’habitants, les groupes vulnérables, à savoir les personnes de 65 ans et plus ainsi que les personnes souffrant de maladies à risque, représentent près d’un tiers de la population. Dès lors, face à une disponibilité d’abord restreinte de vaccins, environ 16 000 dans un premier temps, le gouvernement zurichois mettra la priorité sur les Ü75, soit les plus de 75 ans. Pour la médecin cantonale suppléante, Bettina Bally, «il s’agit avant tout de faire diminuer le nombre de cas sévères et de décès». Et donc de désengorger les soins intensifs.
Les volontaires se feront vacciner au Centre de médecine de voyage, dans une grande tente équipée de plusieurs allées de vaccination. Au total, l’opération doit durer vingt-sept minutes seulement mais nécessitera toutefois une inscription sur internet au préalable. Les autorités comptent sur l’aide des enfants et des proches pour assister les personnes âgées dans ces démarches.
Dès la fin de janvier, la vaccination s’étendra au personnel médical, aux résidents des maisons de retraite ainsi qu’aux groupes à risque, par l’intermédiaire des médecins de famille.
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Vaccination à large échelle dès avril
En Suisse romande, Valais et Fribourg prévoient d’entamer leur campagne de vaccination le 28 décembre déjà. Les cantons de Neuchâtel et du Jura devraient suivre le 4 janvier, Vaud et Berne la semaine suivante. Quant au canton de Genève, il dévoilera sa stratégie de vaccination ce mardi.
Hormis un début qui se répartit entre la fin de cette année et le début de la suivante, les calendriers varieront peu d’un canton à l’autre et placeront en priorité les personnes à risque. Dès lors, il faudra vraisemblablement attendre jusqu’au mois d’avril pour qu’une large partie de la population puisse avoir accès au vaccin.
A Zurich, un centre pilote de vaccination sera installé dans le centre des congrès d’Oerlikon, ce qui permettra d’affiner la logistique et la capacité de rendement. Trois à cinq autres sites devraient suivre au printemps.
«Nous estimons que toutes les personnes qui souhaitent se faire vacciner pourront le faire d’ici au mois d’août», a encore précisé le chef de projet, Markus Näf. Il faudra donc s’armer de patience avant d’atteindre l’immunité collective. Pour cela, les autorités devront convaincre au moins 60% de la population de se faire vacciner. Peut-être le principal défi de l’an prochain.
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