De prime abord, Zurich paraît cher puis… tout vient confirmer cette première impression. «Les personnes à la recherche d’un logement en ville se plaignent des loyers élevés des logements libres; la présente évaluation montre que ces plaintes sont fondées», constate une nouvelle recherche du bureau des statistiques du canton portant sur la période 2016-2020. Un trois-pièces «à louer» en ville de Zurich est ainsi, en moyenne, 20% plus cher qu’un appartement de même taille qui est occupé. Ce qui n’empêche la formation inévitable d’une file de prétendants. La situation est si tendue que certains Zurichois n’hésitent pas à monter de véritables campagnes d’affichage pour espérer arriver à leurs fins.

Plus c’est petit, plus ça augmente

Mais pourquoi les logements sont-ils toujours plus chers? D’une part, explique Simon Bächler, l’auteur de l’étude, il y a les facteurs bien connus: le taux de logement vacant est en baisse depuis plusieurs années, la pénurie sur le marché du logement s’est accrue et, équation économique basique, quand la demande excède l’offre, les prix montent. S’ajoutent une croissance démographique en hausse et une activité de construction faible, notamment liée à deux ans de retard dus aux vagues pandémiques. Sans oublier la hausse des prix de l’énergie comme celle des taux hypothécaires, qui garantissent un coût du logement toujours plus élevé. Mais ce n’est pas tout.

«A Zurich, explique Simon Bächler, les loyers d’emménagement sont en partie supérieurs aux loyers existants car ils sont déjà, à la base, plus chers que la moyenne. Les ménages qui quittent leur logement n’y ont en effet généralement pas vécu longtemps et s’acquittent d’un loyer plus proche du niveau du marché que ceux qui vivent au même endroit depuis des décennies.» Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment la taille de l’endroit. Comme un individu habite rarement trente ans dans un studio, les petits objets (habités par des petits revenus) sont ceux qui changent le plus régulièrement de main. Et comme le droit du bail facilite les hausses de loyer lors d’un déménagement, c’est parmi ces derniers que les prix augmentent le plus vite.

Cela a pour conséquence un «effet d’enfermement», dit l’auteur: «Il n’est plus rentable de quitter son logement même si la taille du ménage change (à la hausse ou à la baisse). Les couples de retraités conservent un grand logement après le départ de leurs enfants alors que les jeunes familles se retrouvent coincées dans un trois-pièces.» Le texte précise qu’il n’est pas possible de répondre à la question de savoir si les loyers sont systématiquement augmentés de manière illicite, car un logement peut varier entre un départ et une arrivée (travaux/redécoupage intérieur) et il est difficile de juger de la légitimité d’une hausse. Le résultat est cependant le même: trouver un logement est une gageure. Même en disposant d’un certain revenu.

10 000 flyers pour un trois-pièces et demi

Symbole de la crise actuelle, le dénommé Thomas Perret fait parler de lui au sein du microcosme zurichois, où l’on peut voir son visage collé aux murs du centre-ville. «Après une année de recherche sans succès, explique-t-il, j’ai cherché de nouvelles idées et j’ai décidé de lancer une campagne. Avec des affiches, un site internet et la distribution de 10 000 flyers.» Une récompense de 3000 francs est également promise à quiconque lui permettra de trouver la perle rare – conforme à ses exigences, certes. «J’ai peut-être reçu une offre intéressante», dit-il. Mais l’affaire n’est pas encore dans le sac. Comment expliquer ses difficultés? «La gentrification», avance le Zurichois. Qui, par son action insolite, y participe aussi certainement – tout le monde n’a pas les moyens de distribuer des primes pour trouver un logement. Dans le Far West zurichois toutefois, c’est ainsi. Le loyer de la jungle règne.