Dépistages, la «Testoffensive» alémanique
Coronavirus
Les cantons d’outre-Sarine intensifient leurs campagnes de dépistage de masse pour endiguer la deuxième vague. Zurich a débloqué 7,2 millions de francs pour ériger de nouveaux centres de dépistage rapide. Reportage

Le quinquagénaire romand qui nous accueille le concède sans sourciller, il n’est pas familier du milieu médical. Pourtant, ce spécialiste du secteur automobile (tenu par sa hiérarchie de garder l’anonymat) assure depuis ce lundi la gestion du nouveau centre de dépistage rapide érigé en moins de deux semaines par les centres hospitaliers de Waid et de Triemli, en plein cœur de Zurich. «Je peux mettre mon expérience de la logistique et de la gestion du personnel au service d’une bonne cause, c’est ce qui m’a motivé. Et il n’est jamais trop tard pour apprendre», philosophe dans un sourire masqué le Romand installé depuis des années dans la région zurichoise.
Des résultats en quinze minutes
Dans l’immense tente blanche dont il a la responsabilité, rien n’a été laissé au hasard: du sol aux couleurs des armoiries cantonales aux nombreux distributeurs de gel hydroalcoolique, du chauffage à pellets au système d’aération. A l’accueil, stewards, employés de commerce ou encore étudiants se relaient pour orienter les patients dans les cinq allées prévues pour garantir une cadence soutenue. Chaque file mène à une équipe de professionnels de la santé, qui procèdent aux tests rapides. A l’arrière, les résultats sont délivrés en quinze minutes.
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«J’ai été agréablement surpris, se réjouit Stefan Lingua en brandissant son résultat négatif, étant donné que je présente plusieurs symptômes. Je voulais absolument me faire tester aujourd’hui, car je travaille au contact de groupes à risque et ne voulais contaminer personne. En pharmacie, on m’a répondu qu’un test ne serait pas possible avant le lendemain, alors qu’ici c’était presque immédiat.»
Renforcer les capacités de dépistage
Cette nouvelle infrastructure permet d’assurer quotidiennement 500 tests rapides. Au besoin, la capacité pourra être portée à 1000 tests par jour. «Le dépistage est l’une des stratégies clés pour contenir la pandémie de coronavirus», souligne dans son communiqué la structure hospitalière chargée du centre.
Cette «Testoffensive» (politique offensive de dépistage) du canton de Zurich a été dopée avec l’arrivée sur le marché des tests antigéniques. La semaine dernière, les autorités zurichoises ont débloqué un crédit de 7,2 millions de francs pour créer de nouveaux centres de dépistage rapide. Outre celui du centre-ville, un drive-in a été installé par l’hôpital universitaire de Balgrist sur le tarmac de l’aéroport de Dübendorf, alors qu’un troisième site est actuellement en discussion à Winterthour.
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Chaque semaine, 50 000 tests rapides seront mis à disposition de ces centres. Et même si cette méthode antigénique présente une fiabilité légèrement moins élevée que les tests PCR (notamment lorsque la charge virale est plus faible), sa rapidité doit inciter la population à se faire tester plus systématiquement en cas de symptômes et ainsi permettre d’accélérer les mises en quarantaine, essentielles pour casser les chaînes de transmission. Par ailleurs, ces tests rapides vont permettre de désengorger les laboratoires d’analyse, qui arrivent à saturation.
Les nouveaux drive-in bernois
Dans le canton de Berne, le crédit supplémentaire alloué au dépistage (un peu moins de 1 million de francs) est certes plus modeste qu’à Zurich, mais le but poursuivi est similaire. Tester à large échelle, même en cas de légers symptômes, doit permettre de juguler la hausse des contaminations au coronavirus.
Dès lors, pour augmenter les capacités de dépistage, le canton s’est doté de quatre drive-in de dépistage, à Berne, à Thoune, à Interlaken et à proximité de l’aéroport de Belp, en périphérie de la capitale. Installé ce lundi, ce centre a pour particularité d’effectuer uniquement les nouveaux tests rapides.
Inscrits au préalable sur internet, les automobilistes sont orientés à leur arrivée vers l’une des 22 stations de test. L’opération ne dure que quelques minutes, la réponse est envoyée par SMS dans les trois heures qui suivent le prélèvement.
Participation des pharmacies
Alors que l’heure bleue vient envelopper les deux immenses tentes blanches qui abritent le drive-in, les vigies profitent du peu d’affluence momentané pour affiner les derniers détails logistiques. Elles savent que ce répit ne durera pas. Avec le bouche-à-oreille et la médiatisation de ce nouveau centre, le personnel s’attend à une augmentation significative des arrivées ces prochains jours.
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Conscientes des limites de ces centres uniquement accessibles en voiture, les autorités bernoises comptent par ailleurs sur la participation des pharmacies pour maximiser l’accès à ces tests rapides dans les centres urbains. «Sur internet, notre registre de localisation est prêt, on attend juste que les pharmacies prennent les devants. On espère qu’un quart des enseignes du canton s’engagent dans cette démarche», souligne le responsable communication du Département cantonal de la santé, des affaires sociales et de l’intégration, Gundekar Giebel.
La cadence yverdonnoise
Côté vaudois, la stratégie de déploiement des tests rapides est actuellement en cours de préparation. Pour l’heure, les tests antigéniques sont uniquement disponibles dans les centres de dépistage de la filière d’Unisanté.
A Yverdon-les-Bains, qui se distingue depuis fin avril avec un drive-in de dépistage du Covid-19 particulièrement efficace, l’option de tests rapides n’a finalement pas été retenue. «Cette solution complique et ralentit nos flux. Et elle ne s’avère pas nécessaire pour notre centre puisque le résultat est d’ores et déjà envoyé au patient en quelques heures seulement», explique Loïc Favre, responsable communication des Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV). En effet, alors que la semaine dernière le centre affichait l’exemplaire performance d’un test effectué toutes les trois minutes, le drive-in s’est désormais équipé de deux files de dépistage supplémentaires pour augmenter encore la cadence et atteindre la prouesse d’un test réalisé toutes les deux minutes. Avec ce rythme soutenu, le centre yverdonnois a désormais la capacité d’effectuer 600 tests chaque jour, contre 400 il y a une semaine encore. Un record national.