Guerre en Ukraine: la neutralité de la Suisse n'est «pas en question», assure Ignazio Cassis
Suisse
Interrogé sur la neutralité suisse à New York, le président de la Confédération distingue «neutralité» militaire et condamnation d'une violation du droit international

Malgré les sanctions prises contre la Russie et son entrée prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU, la Suisse «est toujours neutre», a assuré mercredi le président Ignazio Cassis.
«Bien sûr qu'il y a en Europe un sentiment d'une unité plus forte contre cette agression (de l'Ukraine par la Russie) qui nous a tous réveillé d'une situation de paix dont on bénéficiait depuis 70 ans», a-t-il déclaré lors d'un entretien avec quelques journalistes au siège de l'ONU à New York. Mais «la Suisse est toujours neutre, la neutralité de la Suisse n'est pas en question», a-t-il assuré, rejetant notamment l'idée d'un rapprochement avec l'Otan.
«Rapprocher dans le sens d'un pas intermédiaire pour demander un jour de devenir membre, non, pour l'instant ce n'est pas une discussion politique en Suisse.»
«La neutralité est assez simple: on ne prend pas part à une guerre, on n'envoie pas d'armes ou de troupes dans une guerre, et on ne donne pas son territoire pour des armes ou des troupes de parties en guerre, ni on ne participe à une alliance militaire comme l'Otan», a-t-il développé.
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Mais «autour de cette neutralité, il y a une politique extérieure et de sécurité», et «condamner la violation du droit international par cette agression militaire russe est une obligation axée sur la Constitution et qui ne lèse en rien la neutralité», a-t-il insisté.
Une neutralité non remise en question par les sanctions
La Suisse a repris les sanctions contre des responsables russes décidées par l'Union européenne après l'invasion de l'Ukraine. Selon certains observateurs, pour cette raison, Moscou semble estimer que la Suisse n'est plus neutre, position qui serait à l'origine de la pause forcée des pourparlers syriens dont une nouvelle session devait avoir lieu fin juillet à Genève.
«On s'attendait à ce que les Russes ne nous remercient pas des sanctions, c'est une réaction qui était amplement prévisible mais qui ne change en rien la position de la Suisse», a commenté Ignazio Cassis.
«La menace des armes nucléaires est une réalité», assure Cassis
Pour la première fois depuis son adhésion aux Nations unies il y a 20 ans, la Suisse a été élue en juin pour occuper à partir de janvier un des sièges de membres non permanents du Conseil de sécurité.
Plaidant pour un «renforcement» du traité de non-prolifération des armes nucléaires dont les Etats signataires sont réunis à l'ONU depuis lundi, le président suisse a indiqué que son pays essaierait au sein du Conseil de sécurité de «faire le pont» entre puissances nucléaires et non nucléaires, «avec la crédibilité d'un pays neutre». «Le désarmement nucléaire sera également une priorité pour la Suisse en tant que membre du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté.
Lors de cet entretien, il a également estimé que la menace des armes nucléaires est à nouveau une réalité depuis l'invasion militaire en Ukraine. La Conférence d'examen du Pacte de non-prolifération nucléaire (TNP), qui a lieu tous les cinq ans, est alors une occasion importante de rappeler cette menace.
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«La conférence traite non seulement des questions de désarmement et de non-prolifération nucléaire, mais aussi de la protection des installations nucléaires civiles. Au vu des images en provenance d'Ukraine, nous voyons que la mise en danger des infrastructures nucléaires civiles est également une réalité», a-t-il commenté. «C'est pourquoi je voulais m'engager personnellement pour que le résultat de la conférence soit le plus concret possible». La Suisse soutient le plan des sept piliers de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).