Les organisations voient également des lacunes dans le concept de stockage et la surveillance. On ne connaît pas assez l’influence que ce dépôt peut avoir sur les eaux souterraines profondes. Les ONG demandent donc un plan clair pour la surveillance à long terme qui doit aller au-delà des 50 ans prévus. Pour les ONG, il existe aussi «un déficit démocratique». Le seul instrument politique à disposition est le référendum à l’échelle nationale. Les communes et régions concernées par le dépôt risquent donc de devoir subir une décision prise par une majorité de citoyens qui ne sont pas directement concernés.
Pour le gouvernement zurichois, la sécurité est la priorité absolue
Le gouvernement zurichois a pris connaissance du choix du site du nord du Lägern pour y construire un dépôt en couches profondes pour stocker les déchets radioactifs. Il entend accompagner le processus de manière critique et constructive en donnant la priorité à la protection de la population. La sécurité est la priorité absolue, a indiqué lundi l’exécutif zurichois. Les cantons disposent depuis 2008 de leurs propres experts. Ceux-ci vont maintenant évaluer les résultats des recherches de la Nagra. La demande d’autorisation générale, qui devrait être déposée dans environ deux ans, sera examinée de manière très approfondie et minutieuse.
Le canton de Zurich soutient déjà la région et les communes concernées par le site d’implantation du dépôt. Ce soutien va être renforcé dans les domaines de la géologie, des techniques de construction, de l’aménagement du territoire, de l’environnement, de la sécurité, de l’information et de la communication. Si le dépôt devait effectivement être construit dans le canton de Zurich, il faudra accorder aux communes concernées des indemnités d’un montant approprié, selon l’exécutif zurichois.
Les négociations avec toutes les parties concernées ont déjà commencé. L’entrée du dépôt doit être construite sur le territoire de la commune de Stadel (ZH). Les installations d’emballage des déchets radioactifs devraient être construites près du dépôt intermédiaire (Zwilag) déjà existant à Würenlingen (AG).
Argovie veut plus d’explications
Le conseil d'Etat argovien exige, lui, des explications approfondies sur la décision de la Nagra de construire cette installation d’emballage. Il faudra examiner de manière approfondie différentes questions ouvertes, relatives à la sécurité, avant le dépôt de la demande d’autorisation générale, a fait savoir lundi le conseil d'Etat. Le canton d’Argovie accompagnera les prochaines étapes étroitement et de manière constructive et «représentera avec insistance les intérêts du canton, de la région et des communes».
Les autorités cantonales ont «pris connaissance» de la proposition et de l’argumentation en faveur de l’installation de conditionnement près du dépôt intermédiaire. Les synergies et la mise en commun des ressources et des compétences ainsi que la minimisation des étapes du processus liées à la sécurité sont des critères compréhensibles, ont-elles estimé. Pour le Conseil d'Etat argovien, les autres arguments, principalement relatifs à l’aménagement du territoire, sont subordonnés à la décision du lieu de l’installation de conditionnement. L’intégration dans l’ensemble du projet global doit encore être élaborée de manière plus détaillée sur la base de critères de sécurité jusqu’à la demande d’autorisation générale.
D’autres points doivent aussi être examinés, notamment le transport des éléments combustibles emballés. Les installations d’emballage, tout comme le dépôt intermédiaire, ne sont que des constructions provisoires qui seront démantelées. Le gouvernement argovien déplore le manque d’information sur la durée de présence de ces installations. Selon le conseil d'Etat, la décision de la Nagra de construire le dépôt en couches profondes dans le nord du Lägern est «fondamentalement compréhensible au vu des données existantes actuellement».
Würenlingen veut «contribuer à l’élimination des déchets»
La commune de Würenlingen se dit également prête à collaborer. Elle entend «continuer à participer activement à la planification et à la conception de ce projet du siècle et assumer ses responsabilités», a indiqué lundi le conseil communal. Ainsi, la commune offrira sa «contribution à l’élimination sûre des déchets radioactifs».
Le développement et l’extension d’une installation qui fonctionne bien est «compréhensible», poursuit le conseil communal. Celui-ci considère le développement prévu comme «repectueux des ressources et comportant des atteintes minimales à l’environnement». Le conseil communal précise encore que la région dispose d’une main-d’œuvre expérimentée et hautement qualifiée.
Des critiques s’élèvent chez les voisins allemands à 15 kilomètres de là. Les maires du Haut-Rhin ont déjà constaté durant le week-end qu’en cas d’accident lors du transport de déchets nucléaires vers leur lieu de stockage définitif, les eaux souterraines de l’Aar et du Rhin, et donc des sources d’eau potable seraient menacées. «Nous craignons également un immense dégât d’image pour le tourisme», écrivent-ils. «Les motivations de la Nagra pour le site de Würenlingen sont difficilement compréhensibles pour les villes et les communes.»
«Le site le plus sûr», selon la Nagra
Le nord du Lägern, dans le canton de Zurich, est «le site le plus sûr» pour un dépôt en couches profondes pour entreposer les déchets radioactifs, selon la Nagra. «C’est le meilleur site avec les plus grandes réserves de sécurité». La qualité de la roche dans cette zone y est la plus élevée et c’est là qu’elle est la plus stable, a-t-elle indiqué lundi lors d’une conférence de presse à Berne. Le site dispose aussi «des plus grandes réserves de capacité».
La décision de choisir le site du nord du Lägern est claire. «La géologie a parlé», a déclaré Matthias Braun, patron de la Nagra. Le dépôt doit être construit dans une couche géologique d’argile à Opalinus. Cette roche est la plus adaptée pour stocker des déchets radioactifs. Parmi les trois sites étudiés, c’est au nord du Lägern qu’elle est la plus ancienne, la plus épaisse et qu’elle possède la meilleure qualité.
Qualité des roches
L’argile à Opalinus est la mieux à même d’enfermer les déchets radioactifs sur le long terme, estime Simon Löw, président du groupe d’experts «Dépôt en couches géologiques profondes». Il s’agit est une roche dense, pas une argile, a expliqué Simon Löw lundi matin au micro de la radio alémanique SRF. Très peu d’eau circule en petite quantité dans cette roche très ancienne. La roche retient les radionucléides et les lie. Enfin, l’argile à Opalinus est extrêmement homogène, a-t-il précisé.
L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) va examiner le choix du site du nord des Lägern pour y construire le dépôt en couches profondes pour les déchets radioactifs. Elle va aussi faire appel à des experts internationaux. La procédure doit se dérouler en toute transparence, a déclaré lundi Felix Altorfer, responsable du domaine de surveillance de gestion des déchets à l’IFSN. Le choix du site va examiner le site sur la base de neuf questions principales. Pour y répondre, l’IFSN a besoin de données géologiques et doit procéder à des analyses de sécurité.
L’examen de l’IFSN portera sur la sécurité et la mise en œuvre technique. La protection durable des êtres humains et de l’environnement doit être garantie. Une zone de protection pour les personnes doit aussi être garantie. Des experts internationaux seront appelés à donner leur avis.