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Quelle présidente pour gouverner Bâle?

A Bâle, trois femmes se disputent la présidence de l’exécutif. Deux candidates, l’une libérale, l’autre vert’libérale, vont tenter de ravir le siège à la Verte Elisabeth Ackermann. Verdict ce dimanche

Bâle, le 17 mars 2020.  — © KEYSTONE/Georgios Kefalas
Bâle, le 17 mars 2020.  — © KEYSTONE/Georgios Kefalas

Elle devrait faire figure d’ambassadrice du canton de Bâle-Ville, à l’image de Corine Mauch pour la ville de Zurich. Mais qui connaît la présidente du gouvernement bâlois, Elisabeth Ackermann? Brillamment élue il y a quatre ans, la Verte a hérité du département présidentiel. Spécificité bâloise, cet exercice à temps plein de la présidence a été introduit il y a une dizaine d’années pour augmenter le rayonnement du canton-ville. Or, au moment de renouveler leurs autorités cantonales, de nombreux Bâlois reprochent à la conseillère d’Etat verte de n’avoir pas suffisamment endossé ce rôle de figure de proue.

L’épineuse affaire du Musée historique

Au-delà de ces reproches, celle que la presse alémanique décrit comme le «maillon faible» du gouvernement est de surcroît empêtrée depuis près d’un an dans une crise liée au Musée historique, qui a finalement conduit à un audit et au licenciement du directeur. Exploitée par ses détracteurs, l’affaire a martelé toute la campagne électorale.

Benjamine d’une fratrie de quatre, Elisabeth Ackermann a certes appris à encaisser les coups, mais elle a concédé dans la presse avoir déployé «beaucoup d’énergie» pour résister à ces attaques et apaiser la situation. Défendant corps et âme son bilan, celle qui est membre fondatrice de la section cantonale des Verts reste confiante: le ticket de la gauche est solide. «Le gouvernement à dominance rose-verte a développé avec succès le canton ces dernières années, notamment sa qualité de vie. Un récent rapport sur la durabilité l’a qualifiée de très élevée. J’ai bon espoir que l’électorat continuera à soutenir cette politique réussie», rassure-t-elle.

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S’attaquer au «maillon faible»

Bien loin de partager cet avis, la droite compte bien tirer profit de la situation pour renverser enfin la majorité rose-verte, qui dicte le ton de l’exécutif depuis quinze ans. En présentant un ticket à quatre, l’entente bourgeoise (PDC, libéraux et radicaux) compte sur la libérale Stephanie Eymann pour ravir le siège aux Verts. «Bien que Bâle tende à voter à gauche, nos chances sont cette fois intactes. Il sera intéressant d’observer s’il se dessine une solidarité entre femmes, puisque le camp bourgeois présente une alternative féminine pour la présidence», s’enthousiasme la candidate libérale de 41 ans.

Issue d’une famille de politiciens bien établis à Bâle, la procureure, devenue directrice de la police de la circulation du demi-canton voisin, affiche une candidature solide qui, par effet de boomerang, pourrait cependant menacer non le siège vert mais celui de son colistier, le directeur de la sécurité Baschi Dürr, régulièrement sous le feu des critiques. Autre bémol, l’entente a décidé d’exclure l’UDC, qui a lancé le candidat Stefan Suter. S’il n’a certes aucune chance d’être élu, il pourrait priver la candidate libérale de précieux suffrages.

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La campagne réussie de l’outsider

Cette mésentente dans le camp bourgeois pourrait faire les affaires de la troisième candidate qui brigue la présidence. Etoile montante de la politique bâloise, Esther Keller ne siège au Grand Conseil que depuis un an mais rêve déjà de créer la sensation en devenant la première vert’libérale à décrocher un poste dans un exécutif cantonal. Mais la Bâloise de 36 ans n’est pas naïve, elle sait que sa mission relève presque de l’impossible.

Occupant seulement trois sièges au parlement cantonal, l’importance de la jeune formation politique reste en effet encore limitée. De plus, la vert’libérale ne bénéfice du soutien d’aucun autre parti. Cependant, cette ex-présentatrice et journaliste de la chaîne régionale TeleBasel a livré, selon l’aveu d’autres camps politiques, une «excellente campagne» axée notamment sur la numérisation de l’administration cantonale.

«Mon avantage, c’est de pouvoir convaincre à gauche comme à droite. Je me considère comme une force progressiste. Mon rôle sera de servir de levier pour doper l’attractivité et le succès de Bâle. Beaucoup partagent cette vision, indépendamment de leur appartenance partisane», assure, confiante, l’énergique candidate, qui assume fièrement vivre en colocation. L’électorat bâlois a jusqu’à dimanche pour décider lequel de ces trois profils féminins fera le mieux briller la cité rhénane ces quatre prochaines années.

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