Toute la semaine, la cour d’école soleuroise de Niedergösgen est restée silencieuse, enseignement à distance oblige. Classes confinées, écoles entières en quarantaine, les cas de fermeture se multiplient en Suisse alémanique.

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Face à cette évolution, des voix s’élèvent dans le milieu scolaire pour exiger l’introduction d’un enseignement à distance en début d’année et ainsi éviter la propagation du virus après les Fêtes. «Une semaine serait déjà bien, mais il serait encore mieux de pouvoir prolonger la mesure tant que la situation l’exige pour protéger la santé de la population», détaille au Tages-Anzeiger Chantal Galladé, ancienne conseillère nationale et présidente de l’administration scolaire du district de Winterthour.

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Un patchwork de mesures

Le canton de Zurich a d’ores et déjà introduit une telle mesure pour les gymnasiens et élèves des écoles professionnelles qui, à la rentrée, effectueront une «semaine d’approfondissement» depuis chez eux. «Contrairement au secondaire I où les écoliers se rendent à l’école dans leur village, les gymnasiens voyagent dans tout le canton, ce qui engendre un fort brassage de population», expliquait à la mi-décembre la présidente du gouvernement zurichois et directrice de l’Instruction publique, Silvia Steiner.

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A l’instar de Zurich, plusieurs cantons alémaniques songent à adapter les fermetures scolaires. Alors que Nidwald prévoit de prolonger les vacances d’une semaine, Schaffhouse et Glaris ont anticipé de quelques jours la pause hivernale. Schaffhouse et Saint-Gall envisagent par ailleurs d’introduire deux semaines d’enseignement à distance à la rentrée.

La présidente de la faîtière alémanique des enseignants redoute de telles mesures, en particulier pour les degrés inférieurs. «Les jeunes élèves ont encore besoin de beaucoup de soutien. Avec un enseignement à distance, les enseignants ne peuvent pas offrir le même suivi qu’en présentiel», s’inquiète Dagmar Rösler.

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La Suisse romande réticente

La Suisse romande, elle, conserve ses dates de rentrée scolaire initiales, qui varient néanmoins selon les cantons. Si les élèves vaudois et fribourgeois retrouveront les bancs de l’école le 4 janvier, les Valaisans ne reprendront que le 7, les Genevois, les Jurassiens et les Neuchâtelois le 11. Pour Jean-Pierre Siggen, président de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP), il n’y a pas lieu de chambouler le programme dans la mesure où la situation dans les cantons est «maîtrisée», sur le front de l’école à tout le moins. «A Fribourg, sur les 5815 élèves du secondaire II, seuls 21 sont positifs au coronavirus et 86 en quarantaine», précise celui qui est aussi chef du Département de l’instruction publique fribourgeoise.

Un point de vue partagé par la ministre vaudoise de l’Education Cesla Amarelle: «Nous tenons à ce que cette année scolaire se déroule dans les conditions les plus normales possible, plaide-t-elle. L’enseignement à distance accentue les inégalités et augmente les décrochages chez les élèves les plus fragiles. Aujourd’hui, l’enjeu pédagogique prime. L’école doit rester ouverte.»

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