En 2019, la Lia Rumantscha, faîtière de toutes les associations socioculturelles liées au romanche, célèbre ses 100 ans. Le coup d’envoi des festivités, qui durent jusqu’au 18 août, a été donné vendredi à Zuoz (GR), en présence d’Ignazio Cassis. Le conseiller fédéral a salué la création de cours de romanche pour les enfants et les adolescents de la diaspora, organisés dès 2020 avec le soutien de la Confédération. «La Suisse a besoin du romanche!» a-t-il encore déclaré. Pour l’occasion, Johannes Flury, président de la Lia Rumantscha, répond à nos questions sur les espoirs et les défis de la quatrième langue nationale.

Le Temps: Quel constat faites-vous de l’état du romanche aujourd’hui?

Johannes Flury: Les fondateurs de notre organisation n’auraient pas pensé que la langue existerait encore aujourd’hui. Nous avons beaucoup d’espoir sur sa continuité pour les cent prochaines années. Aujourd’hui, 60 000 personnes utilisent activement cette langue, mais il y a également 100 000 autres qui l’écoutent à la radio ou à la télévision romanche et qui la comprennent. La présence du romanche dans les médias est importante pour sa survie. Notre langue bénéficie aussi de beaucoup de sympathie dans notre pays et nous constatons une évolution positive du côté de la jeunesse, qui est plus consciente des avantages du bilinguisme et en est fière. Il y a un côté émotionnel dans le fait de parler romanche. C’est une langue qui vit et que l’on parle en privé, pas uniquement lors de cérémonies, comme le pensent certains.

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Que célébrez-vous plus précisément ces prochains jours?

Nous avons deux objectifs pour les 100 ans de la Lia Rumantscha. Premièrement, nous voulons réunir toutes les personnes qui parlent romanche et créer une belle dynamique entre elles. Nous souhaitons également nous tourner vers l’extérieur et montrer à toute la Suisse la richesse de cette langue. Le fait que la Suisse dispose de quatre langues nationales [un statut qui a été reconnu au romanche en 1938] contribue à la paix linguistique en Suisse. Mais le romanche fait également face à certains défis.

Lesquels?

La grande majorité des personnes parlant le romanche vivent dans des territoires traditionnels, des vallées alpines. Ces régions sont touchées par le dépeuplement, notamment parce que les jeunes rejoignent les agglomérations pour trouver du travail. C’est pour cela que nous nous intéressons aux locuteurs du romanche non seulement dans les Grisons, mais partout en Suisse. Pour ces derniers, il n’est pas toujours facile de maintenir le contact avec la langue. En réponse à ce besoin, une crèche romanche a par exemple ouvert ses portes à Zurich. Pour qu’une langue survive, il est également important qu’elle soit écrite et lue, nous organisons pour cela des cours, que nous espérons aussi pouvoir mettre prochainement en ligne. Pour tous ces besoins, le soutien de la Confédération, mais aussi de tous les cantons, est nécessaire.