Migration
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés demande de renforcer la prise en charge des requérants d’asile vulnérables, en particulier les mineurs non accompagnés, dans les centres fédéraux

La Suisse accueille correctement ses réfugiés, mais pourrait faire encore mieux. Si les centres d’accueil fédéraux «satisfont largement aux standards minimaux en matière de droits humains et de droit des réfugiés», des «améliorations sont possibles», détaille le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans un rapport diffusé mardi. Alors que la réforme de la procédure d’asile est en cours, l’organisme formule une série de recommandations.
Identification systématique
En ligne de mire, la prise en charge des personnes particulièrement vulnérables, à commencer par les mineurs non accompagnés (MNA). «Certains besoins spécifiques sont facilement repérables, comme ceux d’un enfant de 6 ans ou d’une femme enceinte de plusieurs mois, note Anja Klug, responsable du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein. D’autres sont moins visibles. On ne remarque pas immédiatement qu’une personne a été victime de traite humaine ou souffre d’un traumatisme.» Pour identifier au plus vite ces besoins, le HCR préconise des protocoles «systématiques et proactifs».
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En ce qui concerne les MNA, ils doivent pouvoir «bénéficier de conditions d’accueil adaptées à leur âge et d’une protection adéquate dans des structures dédiées», estime le HCR. Depuis le début de l’année, 474 requérants mineurs sont arrivés en Suisse. Ils étaient 1985 en 2016 et 2730 en 2015. En majorité des garçons de 16 à 17 ans, originaires d’Erythrée.
Accompagnement quotidien
Certaines recommandations du HCR figurent dans la loi sur l’asile, l’attribution d’une personne de confiance tout au long de la procédure par exemple. Mais le rapport va plus loin en demandant l’organisation d’un entretien d’orientation dès l’arrivée du MNA, ainsi qu’un accompagnement quotidien. Autres requêtes: un hébergement différencié selon le sexe et un enseignement scolaire jusqu’à 18 ans.
«Les mineurs non accompagnés, quel que soit leur âge, font l’objet d’une attention particulière, assure la porte-parole du Secrétariat aux migrations (SEM), Emmanuelle Jaquet von Sury. Leurs demandes sont traitées en priorité. Ils sont toujours logés dans une zone spéciale ou séparée. Dès le 1er janvier, une visite médicale aura lieu en plus de l’entretien d’admission afin de détecter d’éventuelles vulnérabilités.» Un projet pilote à Bâle et à Zurich a démarré le 1er juillet pour améliorer la prise en charge spécifique des mineurs, et des cuisines collectives sont déjà testées afin de favoriser leur intégration.
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L’été dernier, la situation à Côme, où vivaient quelque 80 requérants mineurs livrés à eux-mêmes, avait été fortement critiquée par de nombreuses ONG et le HCR. Qu’est devenue cette «zone de transit improvisée»? «Les chiffres ne sont pas les mêmes, mais il y a toujours des mineurs qui tentent de passer par la Suisse, parce que les structures italiennes sont débordées, et sont interceptés par des gardes-frontière à Chiasso, déplore Anja Klug. La situation n’est pas résolue.»
«Contrôle qualité»
Le HCR préconise par ailleurs de renforcer le système de «contrôle qualité» pour vérifier que les standards sont respectés. Cela implique des inspections régulières et transparentes dans les lieux d’hébergement. Les résidents devraient également pouvoir déposer des plaintes relatives à des incidents ou des manquements. Le SEM assure que des contrôles ont déjà lieu, à l’interne et par la Convention nationale de prévention de la torture.