La Suisse se hisse en tête du classement annuel de la compétitivité mondiale publié ce matin par le World Economic Forum (WEF). Elle devance d’un cheveu les Etats-Unis, qui occupent traditionnellement le premier rang. Les places suivantes sont occupées par plusieurs pays d’Europe du Nord et le Canada, les deux économies exportatrices que sont l’Allemagne et le Japon et par Singapour.

« La Suisse n’a pas amélioré globalement sa compétitivité, mais elle bénéficie du recul de plusieurs autres Etats », a expliqué vendredi dernier la responsable du classement, l’économiste Jennifer Blanke, lors d’une présentation à la communauté diplomatique de Genève. La crise, d’abord financière puis économique, a particulièrement affecté les pays de taille moyenne très endettés comme l’Irlande, l’Espagne, passés respectivement de la 22e à la 25e place et de la 29e à la 33e place. Elle a touché violemment certaines économies émergentes comme la Russie, qui plonge de la 51e place à la 63e. L’Islande, dont le secteur financier s’est effondré, recule de six places à la 28e.

En revanche, elle consacre le triomphe du Brésil, qui se hisse d’un coup de la 63e place à la 56e. La Chine, qui affirme son rôle de moteur de l’économie mondiale, gagne un rang, au 29e. « La crise ne provoque pas de reculs dans le classement, mais elle met en lumière des faiblesses qui peuvent affecter la compétitivité d’un pays dans le moyen terme », a relevé Jennifer Blanke.

La Suisse, particulièrement son secteur financier, a subi les contrecoups de la crise, rappelle le WEF. « Mais cet affaiblissement a été contenu comparativement à d’autres pays », souligne l’organisation basée à Cologny, aux portes de Genève. Ses forces, qui n’ont guère changé, résident dans sa capacité d’innovation et dans le caractère sophistiqué de son environnement d’affaires. « Les institutions scientifiques suisses sont parmi les meilleures au monde, et la l’étroite collaboration entre les centres de recherche et les entreprises garantissent une bonne transmission des découvertes au marché », avance l’institution. Comme lors des années précédentes, la flexibilité du marché du travail et la qualité des administrations sont toujours prisées. En revanche, le WEF ne voit toujours pas assez d’étudiants dans les universités. « Le taux d’admission reste inférieur à celui de maint autres pays innovants. Des efforts devraient être entrepris pour accroître le nombre de talents formés dans le pays ».

Le recul des Etats-Unis est très limité au vu de la crise. Le pays reste caractérisé par « l’extrême productivité de son économie ». Celle-ci est caractérisée par des entreprises « très sophistiquées et hautement innovantes », un « excellent système universitaire », un marché du travail des plus flexibles et la taille considérable de son marché intérieur. Mais il est assailli par « un nombre sans cesse croissant de faiblesses » qui le touchent au coeur: Ses déséquilibres macroéconomiques, à commencer par son gigantesque et croissant endettement, font de plus en plus peur, alors que la qualité des institutions, aussi bien publiques que privées, se voit toujours plus remise en question.

Basé à 70% sur des sondages entrepris auprès des dirigeants d’entreprises membres du WEF, et pour le solde sur des statistiques, le classement fait l’objet de critiques récurrentes. Il est fortement soumis aux variations de sentiments de la communauté d’affaires qui participe aux sondages. Par ailleurs, en calibrant ses analyses pour chaque pays, il ne prend pas en compte les systèmes d’intégration régionaux. Le marché intérieur européen ne compte ainsi pour pas grand-chose dans les pondérations, alors qu’il est de plus grande taille que celui des Etats-Unis. « Chaque pays a ses spécificités propres et c’est pour cela que nous n’élargissons pas les enquêtes aux ensembles régionaux », rétorque Jennifer Blanke.