Les élèves des classes suisses âgés de 15 ans brillent toujours en mathématiques. Le palmarès PISA 2012, centré sur cette discipline, confirme le bon classement des années précédentes. Les écoliers du pays évoluent dans le peloton de tête en calcul et résolution de problèmes; hit-parade dominé par la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Seul le Liechtenstein devance la Suisse en Europe. La Finlande, modèle inégalé jusque-là, amorce une courbe descendante inattendue. La France décroche à son tour, alors que l’Allemagne progresse partout.

Mais l’école obligatoire fait davantage que favoriser l’excellence. PISA montre que les 26 systèmes cantonaux réduisent plus qu’ailleurs les écarts entre le haut et le bas de l’échelle, note Guillaume Vanhulst, recteur de la Haute Ecole pédagogique du canton de Vaud, tout comme ils intègrent de mieux en mieux les migrants. Ces derniers progressent notamment en lecture. Au bout du compte, l’hétérogénéité élevée des classes suisses ne pénalise pas la performance d’ensemble. Elle s’élève au-dessus de la moyenne des 65 pays participant à l’édition 2012, forte de 510 000 élèves.

Le consortium helvétique a présenté ce mardi à Berne les résultats du volet autochtone de la cinquième enquête PISA. Les rapports cantonaux seront disponibles en juin 2014. Aux quatre coins de la planète, on a répété l’exercice dans une mise en scène mondialisée de l’excellence scolaire. L’opération, acronyme en français de «programme international pour le suivi des acquis», photographie à l’échelle planétaire tous les trois ans depuis l’an 2000 les performances des élèves au terme du cursus obligatoire. Sous l’égide de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), PISA évalue les participants en mathématiques, en lecture et en sciences. L’analyse se focalise à tour de rôle sur l’une des trois branches.

Aux avant-postes en mathématiques, les 20 000 adolescents examinés en Suisse obtiennent des scores satisfaisants également en sciences et en lecture. Au fil du temps, ils lisent même avec davantage d’aisance.

Les autorités, dont Mauro Dell’Ambrogio, secrétaire d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation, et Christoph Eymann, conseiller d’Etat bâlois et chef de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), ainsi que les chercheurs se sont félicités de l’exploit. Les syndicats des enseignants leur ont emboîté le pas. Ils ont cependant profité de l’occasion pour déplorer les plans d’austérité de certains cantons susceptibles de dégrader les conditions d’apprentissage.

Malgré ces incertitudes, on était à mille lieues du «choc» provoqué par le premier PISA en 2000. Cette année-là, la Suisse avait découvert avec effroi que ses adolescents trébuchaient sur les livres. Le constat favorise depuis une promotion importante de la lecture.

Or, précisément, l’analyse des progrès enregistrés dans ce secteur relativise la portée de l’avancée. Les orateurs n’ont pas oublié de souligner que PISA est un indicateur parmi d’autres, certes très médiatisé, de l’état de l’école obligatoire. Et non pas l’étalon indiscutable de l’efficacité des systèmes scolaires. Il mérite donc qu’on le manie avec quelques précautions. Comme le montrent les scores en lecture des élèves suisses et étrangers (voir infographie), l’interprétation des véritables raisons de la progression peut s’avérer plus complexe que l’évidence des graphiques, suggère Christian Nidegger, chef du projet PISA 2012 pour la Suisse.

Quoi qu’il en soit, PISA stimule la recherche en éducation, a indiqué Mauro Dell’Ambrogio. Le programme pousse politiques et professionnels à repenser constamment l’enseignement et les structures scolaires afin d’en accroître l’efficacité, a insisté Christoph Eymann. C’est pourquoi, a-t-il encore anticipé, la CDIP va mesurer à partir de 2016 la réussite des objectifs nationaux de formation de la scolarité obligatoire. On évaluera ainsi les mathématiques, la langue de scolarisation et la première langue étrangère. Dans un contexte linguistique plutôt orageux, les données récoltées devraient contribuer à apaiser le débat.

Les systèmes scolaires suisses réduisent plus qu’ailleurs l’écart entre les bons élèves et les plus en difficulté