Au terme d’un suspense que n’aurait pas renié Alfred Hitchcock, le peuple et les cantons ont fini par approuver le plan d’assainissement de l’assurance invalidité que leur proposaient le Conseil fédéral et le parlement. Le résultat est extrêmement serré. Alors que le oui du peuple se dessinait autour de 54% depuis le début de l’après-midi, l’approbation des cantons est restée incertaine jusque vers 15 heures. Les résultats cantonaux qui tombaient l’un après l’autre indiquaient une progression quasiment symétrique du oui et du non. Le curseur s’est finalement arrêté sur le oui: au final douze cantons et demi-cantons acceptent d’augmenter la TVA et de découpler l’assurance invalidité du fonds AVS, alors que onze cantons et demi-cantons ont dit non.

Pascal Couchepin, dont c’était le dernier grand combat politique – hormis l’annonce, jeudi prochain, des hausses de primes d’assurance maladie pour 2010 – pouvait enfin respirer. Il faut dire qu’on aura vécu une campagne assez particulière: elle aura brillé par son inexistence. La faute en incombe en partie à Pascal Couchepin lui-même, dont la démission et la succession auront davantage captivé les médias et la population que l’avenir de l’assurance invalidité. Du coup, ni les partisans ni les adversaires n’ont pu véritablement «vendre» leurs arguments. Et, en fin de compte, le résultat reflète la perception que l’électorat a de l’état de santé des assurances sociales.

Tous les cantons romands se sont rangés dans le camp du oui, de même que le Tessin. Mais ils ne sont pas seuls: plusieurs cantons alémaniques à caractère plutôt urbain, comme les deux Bâles, Berne ou Zurich ont également glissé un oui dans les urnes. Or, c’est bien dans les régions latines et urbaines que l’avenir des assurances sociales et le souci de l’intégration des personnes invalides reçoivent le plus d’écho. A l’inverse, et l’on s’y attendait, les régions rurales de Suisse centrale et orientale ont refusé de payer leurs achats plus chers pour sauver l’assurance invalidité du naufrage.

A part Pascal Couchepin, une autre personnalité politique pourra respirer en ce dimanche de votation fédérale: Didier Burkhalter. Le nouveau ministre de l’Intérieur n’aura pas à reprendre à zéro ce chantier difficile, sur lequel Ruth Dreifuss puis Pascal Couchepin se sont déjà cassé les dents. Il faut rappeler en effet que, en mai 2004, le peuple et les cantons avaient rejeté à la fois la onzième révision de l’AVS et une première proposition d’augmentation de la TVA dont l’objectif était précisément d’apporter de l’argent frais aux assurances sociales en difficulté.