Coopération
La DDC investira 2 millions. Un engagement stratégique afin d’établir un dialogue sur la migration avec le gouvernement

Formation professionnelle pour les jeunes, conservation de l’architecture italienne moderniste d’Asmara, projets sociaux dans les communautés rurales, participation à l’ouverture d’un bureau de l’Organisation internationale pour les migrations, soutien aux activités du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme: tels sont les projets que la Suisse compte mener en Erythrée. Un budget de 2 millions de francs par an sera engagé dans le cadre d’actions pilotes.
Le Conseil fédéral énumère ces projets dans un rapport publié ce mercredi en réponse à une demande du conseiller national Gerhard Pfister (PDC/ZG). L’objectif est hautement stratégique: accentuer le dialogue avec le gouvernement d’Asmara, faire en sorte que l’Erythrée ne soit plus un Etat de non-refoulement et que les requérants d’asile déboutés puissent y être renvoyés.
Principal pays de provenance des requérants d’asile
Depuis des années, l’Erythrée est le principal pays de provenance des requérants d’asile arrivés en Suisse. En septembre dernier, 627 nouvelles demandes provenaient de cette communauté. La tendance est à la baisse, en raison notamment d’une meilleure collaboration de l’Italie, qui enregistre de manière beaucoup plus systématique les migrants. Reste que la diaspora érythréenne compte 34 500 personnes en Suisse. La plupart bénéficient du statut de réfugiés en raison des persécutions ou menaces que le gouvernement fait peser sur ceux qui ont pris le chemin de l’exil.
Ce qui ne va pas de soi. Au parlement, la question érythréenne s’invite régulièrement dans les débats sur la politique d’asile. On se souvient encore de la colère du conseiller fédéral Didier Burkhalter en réponse aux sénateurs qui remettaient en question la protection que la Suisse accorde aux ressortissants érythréens ou voulaient conditionner l’aide au développement à la signature d’un accord migratoire. Mis sous pression, le Secrétariat d’Etat aux migrations doit aussi régulièrement justifier sa pratique. Et sévir. Ce qu’il vient de faire en renforçant l’interdiction faite aux réfugiés de voyager dans leur Etat.
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En engageant 2 millions de francs dans des programmes de développement en Erythrée, la Suisse met le pied dans la porte. A ses risques. Car la Direction du développement et de la coopération (DDC) a fait par le passé de mauvaises expériences. En 2006, elle a abandonné son programme sur place, estimant que les conditions permettant un contrôle des prestations d’aide n’étaient plus réunies. Du matériel avait par exemple été saisi par des militaires érythréens. Le Conseil fédéral le note aussi aujourd’hui: «Les conditions ne sont actuellement pas réunies pour la réouverture d’un bureau de coopération en Erythrée.»