La Suisse se roule dans la sciure
Revue de presse dominicale
La fête fédérale de lutte, mais aussi le suicide de Pierre Wauthier, la démission de Joe Ackermann et les abus de l’aide sociale à la réinsertion sont au centre de la presse dominicale de ce jour
La fête fédérale de lutte à Burgdorg ou Berthoud près de Berne inspire les unes des journaux du dimanche. Le rassemblement, qui a lieu tous les trois ans, est photogénique. Muscles, costumes et symboles helvétiques se bousculent au fil des pages ; en couleur, en rafale. Selon les titres, l’approche anthropologique –qui sommes nous et qui sont les autres – ou plus bête et méchant s’étalent dans les cahiers sportifs. Le Matin Dimanche s’attaque à la différence culturelle et aboutit à une conclusion paradoxale : « la Fête fédérale se veut rassembleuse, mais a le don de diviser tout le pays, entre Suisses allemand et Welsches minoritaires ». Le Sonntags Blick est plus terre à terre. La « Fête la plus méchante de tous les temps », hurle l’hebdomadaire. Son ambition, montrer les coulisses du raout en culotte. Et là, la bière assomme même les plus en santé, on s’envoie en l’air dans la sciure et les moustiques saignent les spectateurs. Même le très sérieux NZZ am Sonntag cède à l’appel de la tradition. La brutalité des combats se transforme en « danse des hommes baraqués ». Ce qui n’empêche pas l’auteur de l’article de noter à quel point le corps doit compter sur un esprit alerte. Le champion sera intronisé ce dimanche.
Zurich Assurance : la lettre fantôme de Pierre Wauthier
Les déboires à la tête de Zurich Assurance occupent également les premières pages. Dans un long entretien avec le NZZ am Sonntag, Martin Senn, le patron de la société rend hommage au chef de finance, Pierre Wauthier qui s’est donné la mort la semaine passée poussant le président du Conseil d’administration Joe Ackermann à se retirer. Martin Senn conteste les supçons à l’égard de ce dernier d’avoir voulu embellir les comptes contre l’avis de Pierre Wauthier. Le Schweiz am Sonntag tout comme la SonntagsZeitung évoquent la lettre laissée par le défunt qui attesterait, au contraire, des dissensions entre les deux hommes. C’est l’intention de la famille de Pierre Wauthier de rendre public le contenu de la missive qui aurait décidé Joe Ackermann à démissionner, avancent les deux titres.
Affaire Carlos : les coûts de la réintégration des jeunes délinquants dans le collimateur
Le Sonntags Blick prend le relais de son homologue quotidien. Le journal redouble les attaques à l’encontre des services sociaux zurichois qui dépenseraient jusqu’à 29.000 francs par mois en faveur de la réintégration du jeune délinquant Carlos. Le Conseil fédéral s’en mêlerait aussi, soutient le journal. Simonetta Sommaruga aurait exigé quelques explications. L’hebdomadaire en profite pour rappeler que Carlos enfant terrorisait déjà tout un quartier zurichois. Quant à l’entraîneur de Thai-Box, il affirme dans une interview, que Carlos lui faisait confiance tout en détaillant la nature de son travail avec le jeune homme. Celui-ci, prétend-il, serait aujourd’hui plus apaisé que par le passé. La SonntagsZeitung met plutôt l’accent sur les victimes d’actes violents. Se référant à l’absence de soutien dénoncée par l’une des personnes frappée par Carlos, le journal note que désormais des politiques réclament des mesures d’aide et d’accompagnement à la hauteur de celles proposées à leurs agresseurs. Schweiz am Sonntag s’en prend, pour sa part, à tout le système social en faveur des jeunes criminels. Carlos ne serait que « la pointe de l’Iceberg », accuse le titre argovien. Dans une double page, on apprend que l’on aurait payait à Carlos même du déodorant Armani. Le journal expose également le résultat d’une étude plutôt favorable à la prise en charge éducative qu’aux peines de prisons pour éviter la récidive chez les jeunes délinquants. Le NZZ am Sonntag, enfin, revient sur la sortie ratée de Hansueli Gürber, « l’avocat des jeunes » zurichois proche de la retraire par qui le scandale est arrivé. En voulant montrer comment on remet sur le droit chemin un jeune violent, le « vieux hippy »a fini par meurtrir une approche qu’il voulait exemplaire.