Inondations plus fréquentes, vagues de chaleur, sécheresse estivale et diminution de l’enneigement: le changement climatique aura des répercussions sur la Suisse dans les décennies à venir. Selon un rapport présenté lundi à Berne par le forum pour le climat «ProClim» de l’Académie suisse des sciences naturelles, la Suisse est très sensible aux variations du climat global. Le réchauffement climatique dans l’arc alpin est deux fois plus fort que la moyenne planétaire.

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Un groupe de 75 climatologues et de 40 experts ont travaillé ensemble au rapport intitulé «Coup de projecteur sur le climat suisse» qui fait état des connaissances actuelles et ils en ont déduit des actions concrètes possibles. Il faut agir vite, avertissent les scientifiques suisses. Le rapport est publié quelques jours après l’entrée en vigueur de l’accord mondial en faveur du climat adopté par plus de soixante-dix pays.

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Fonte des glaces et vague d’intempéries

Les températures annuelles moyennes sont montées en Suisse de 1,8° C depuis 1864 – contre 0,85°C sur l’ensemble de la planète. Les conséquences sont déjà visibles. Les glaciers fondent et d’ici 2100, les prévisions estiment une limite de la neige plus haute de 500 à 700 mètres. Les événements météorologiques extrêmes comme vagues de chaleur, intempéries et inondations sont déjà plus fréquents, de même que les chutes de pierres et les glissements de terrain.

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Dur pour le ski et l’agriculture

L’industrie du tourisme va aussi souffrir: d’ici la fin du siècle, les saisons de ski se réduiront de 4 à 8 semaines, par manque de neige. De nombreuses stations de moyenne altitude vont connaître des temps difficiles, estimait dimanche dans la NZZ am Sonntag un des auteurs du rapport, Reto Knutti, climatologue à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

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L’agriculture devra aussi faire face à de grands défis. Outre le manque d’eau, les maladies des plantes vont se multiplier. Les espèces nuisibles et envahissantes se propagent davantage avec des températures plus élevées et sont plus difficiles à combattre.

Des actions concrètes

Si l’on veut éviter des conséquences encore plus graves, il faut mettre en œuvre rapidement les décisions négociées à Paris lors de l’accord sur le climat en 2015, écrivent les experts. Ceci implique une économie durable au niveau mondial et l’abandon des énergies fossiles. Le Conseil mondial du climat a défini dans l’accord de Paris une hausse des températures moyennes mondiales limitée à 2° C. Les émissions de gaz à effet de serre doivent être ramenées à zéro dans la deuxième moitié du 21e siècle.

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Dans ce rapport, les scientifiques proposent des mesures concrètes dans des domaines précis: comportement des pendulaires et des voyageurs, logement, chauffage, utilisation de l’énergie ou encore alimentation. Par exemple, les villes peuvent faire mieux en matière d’urbanisme, afin d’adoucir les effets des canicules. En 2003 en Suisse, quelque 1000 personnes avaient trouvé la mort à cause de la chaleur extrême, selon les estimations.

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