La vente de matériel de guerre helvétique continue à reculer. En 2016, la Suisse a exporté pour 411,9 millions de francs d’armes, contre 446 millions en 2015 et 563 millions en 2014, selon les chiffres publiés mardi par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

Même le Groupe pour une Suisse sans armée l’a remarqué, citant les chiffres de l’institut international de Stockholm pour la recherche de la paix: en un an, la Suisse est passée du 11e au 15e rang des pays exportateurs.

Ce recul est cependant tout relatif: pendant les années 1990 et début 2000, les exportations d’armes étaient beaucoup plus faibles, avec un creux en 1995 à 141 millions de francs par an, selon les statistiques du SECO.

Eldorado africain

Le marché européen reste le plus important, même s’il recule année après année. En 2016, il représentait un peu plus de la moitié des exportations d’armes suisses, soit une baisse de 10,7%. Le recul est plus net encore (-30,3%) pour le continent asiatique, qui conserve cependant sa deuxième place, avec près d’un quart des exportations.

L’Afrique devient le nouvel eldorado de l’industrie d’armement suisse. Les exportations ont augmenté de 207,2%, représentant 12,5% du total. Dans leur écrasante majorité, elles sont destinées à l’Afrique du Sud, pour un montant de 51,3 millions.

Par pays, l’Allemagne reste le premier acheteur de matériel suisse, pour 93,1 millions de francs. Elle est suivie l’Inde (34,5 millions), les Etats-unis (32 millions), le Pakistan (25,5 millions), le Danemark (20,9 millions) et la Suède (17,8 millions), talonnée par la France et la Grande-Bretagne (17 millions environ). Les exportations à destination de l’Arabie Saoudite se montent à 12,1 millions.

Blindés en chute libre

En 2016, la Suisse a augmenté ses exportations de munitions (+22,2%), représentant le tiers des exportations. Le matériel de conduite de tir reste un important marché (28%), bien qu’en recul de 15%. Il est suivi de la vente d’armes en tous genres (22% en tout).

Les véhicules blindés ne semblent par contre plus faire recette: pour la deuxième année consécutive, ils subissent un important recul: -63,6% par rapport à 2015, pour ne représenter qu’à peine 6% des exportations.

Policiers, militaires ou commerçants

En 2016, le SECO a donné son aval à des exportations pour 31,4 millions de francs, contre 29,7 millions l’année précédente. Les exportations effectives se montent à 25,6 millions de francs. Les principaux pays acquéreurs d’armes légères complètes ont été la France (4,5 millions), les Etats-Unis (4,3 millions), la Slovaquie (1,7 million) et l’Allemagne (612 000 francs).

En France, les destinataires finaux sont principalement la police, l’armée et les vendeurs d’armes, alors qu’aux Etats-Unis, la quasi-totalité des armes ont été vendues à des armuriers. En Slovaquie, l’achat d’armes a été fait pour le compte «d’autres organes étatiques» (soit ni la police ni l’armée).

Finalement, 26 demandes d’exportation pour des armes légères ont été refusées. Une grande partie d’entre elles concernaient des pays du Proche-Orient ou du Golf persique, au motif que ces pays sont impliqués dans une guerre, violent systématiquement les droits humains ou risquent d’exporter dans un autre pays les armes helvétiques.