Alors que l’accueil des requérants d’asile figure en bonne place dans l’agenda politique préélectoral, L’Hebdo a pris le pouls des Suisses pour mieux cerner leur attitude envers les migrants. L’enquête commandée à M.I.S. Trend montre que la «barque n’est pas tout à fait pleine», comme le résume l’hebdomadaire dans son édition de jeudi.
Si la compréhension demeure forte envers les réfugiés qui fuient la guerre, en Syrie notamment, les Suisses se montrent toutefois moins tolérants envers ceux qu’ils jugent motivés par des raisons économiques. Ainsi, 30% des Suisses sont disposés à accueillir plus de réfugiés de guerre; 39,7% autant que maintenant. Par contre, selon près de 54% des sondés, la Suisse doit «accueillir moins d’immigrés issus de pays d’Afrique en difficulté économique».
Une autre question reflète ce contraste: 61,3% des personnes interrogées souhaitent que leur pays «reste une terre d’asile», tandis que 40,5% d’entre elles voient «l’afflux de migrants en Méditerranée» comme une «forme d’invasion».
L’accueil de requérants et l’ouverture de futurs centres ont parfois suscité la colère de la population, comme à la Gouglera, dans le canton de Fribourg. Une majorité de Suisses (54,1%) se déclare pourtant prête à accepter un centre fédéral à côté de chez elle. Par contre, moins de 20% des sondés accueilleraient un requérant ou un réfugié chez eux.
Par ailleurs, les personnes interviewées se disent conscientes que leur pays n’est pas une île au centre de l’Europe et que la question des migrants traversant par milliers la Méditerranée – 150 000 personnes depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations – ne peut être laissée à la seule gestion de l’Italie et de la Grèce. Seul un tiers des Suisses voit d’un bon œil la fermeture temporaire des frontières, récemment évoquée par le chef du gouvernement tessinois léguiste, Norman Gobbi, et le conseiller d’Etat valaisan Oskar Freysinger.