Suisse-UE
La secrétaire d’Etat a mené vendredi à Bruxelles une septième ronde de discussions exploratoires avec le chef de cabinet du commissaire européen Maros Sefcovic. Sans que le tempo s’accélère vraiment

La diplomatie de la fondue a-t-elle encore frappé? A Davos, le conseiller fédéral Ignazio Cassis et son homologue suédois, le ministre des Affaires étrangères Tobias Billström, ont eu l’occasion d’échanger autour d’un caquelon et d’une nappe à carreaux rouge et blanc. Les efforts n’ont apparemment pas été vains: voilà Ignazio Cassis officiellement invité par la présidence suédoise de l’Union européenne à participer, en mai à Bruxelles, à une réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense. Une première pour la Suisse.
Le Tessinois, tout sourire, a également eu l’occasion d’échanger quelques mots, au WEF, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. De quoi espérer une nouvelle dynamique dans les relations entre la Suisse et l’UE, après l’abandon du projet d’accord-cadre en mai 2021?
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Accélérer le tempo
La visite vendredi à Bruxelles de la secrétaire d’Etat Livia Leu, pour une septième ronde d’entretiens exploratoires, devait permettre d’y voir plus clair. Elle a rencontré une nouvelle fois son interlocuteur Juraj Nociar, chef de cabinet du commissaire européen Maros Sefcovic. Un Maros Sefcovic connu pour son intransigeance et son franc-parler, qui n’hésite pas à brusquer la Suisse.
Santé, marché de l’électricité et sécurité alimentaire étaient les trois secteurs au cœur des discussions, comme nouveaux accords à intégrer dans le futur paquet de négociations. Mais, globalement, les avancées semblent avoir été maigres. «Nous nous reverrons le 7 mars», a précisé Livia Leu, à la mission suisse. «D’ici là, nous nous parlerons en vidéoconférence, en février.»
En coulisses, l’espoir de Berne reste de clore la phase exploratoire d’ici à fin juin, pour ensuite obtenir un mandat de négociation. Lundi, la Commission des affaires extérieures du Conseil national a, par 18 voix contre 7 (les élus UDC), demandé au Conseil fédéral de passer à la vitesse supérieure, de boucler ces discussions préparatoires pour entamer de vraies négociations sur un paquet d’accords et les questions institutionnelles «au premier semestre de cette année». La seule condition, estime-t-elle, pour que ces négociations puissent s’achever avant la fin du mandat de l’actuelle Commission européenne, à l’automne 2024.
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«Ce qui compte, c’est qu’on se parle»
Malgré des compromis et des concessions, et alors que les élections fédérales de cet automne menacent de peser sur le dossier, les thèmes délicats de la libre circulation des personnes et de la directive européenne sur la citoyenneté, qui ouvre la voie à un accès facilité aux assurances sociales pour les ressortissants européens, restent source de divergences. Tout comme, notamment, le règlement des litiges par la Cour européenne de justice. Vendredi, alors que l’UE espère de son côté moderniser l’accord de libre-échange, Livia Leu n’a pas été en mesure d’affirmer que le tempo avec Bruxelles s’accélérait. La qualité des discussions prime la vitesse et agir sous la pression du temps ne serait pas profitable, a-t-elle laissé entendre.
En attendant, sous les cieux de Davos où la secrétaire d’Etat était également présente, le président de la Confédération, Alain Berset, n’a pas eu d’entretien officiel avec Ursula von der Leyen. Il s’est empressé de préciser qu’il ne fallait «pas trop interpréter» cette absence de rencontre, pour la deuxième année consécutive, et que le «dialogue avance». Mais il a lui aussi pu échanger quelques mots, de manière informelle, avec la présidente de la Commission européenne. «Ce qui compte, c’est qu’on se parle», a glissé Alain Berset à Keystone-ATS.