Subtilités décortiquées
C'est dans ce contexte sensible qu'André Regli a dû, jeudi, décortiquer les subtilités du système d'asile suisse au ministre des Affaires étrangères chilien, qui l'a convoqué pour explications, à 21 h 30, heure suisse. Au ministre prêt à transmettre sa note de protestation, il s'est escrimé à souligner la différence entre «qualité de réfugié reconnue» (Berne estime qu'extrader Patricio Ortiz vers son pays n'est pas raisonnablement exigible en raison des mauvais traitements qui pourraient lui être infligés) et «asile politique non accordé».
Autre nuance apportée: la décision n'émane pas du gouvernement suisse mais d'une juridiction indépendante de l'exécutif, en l'occurrence la Commission de recours en matière d'asile. Expliquer qu'un homme accusé d'homicide est à même de se mouvoir en toute liberté en Suisse est par contre bien plus délicat et c'est sur ce point que les autorités chiliennes se focalisent aujourd'hui. Elles déplorent le manque de confiance envers la justice chilienne, qui conduit à ce type de situation complexe. «Ce fait s'est déroulé durant la période de transition et je pense que nous devons regarder vers le futur», a souligné André Regli au quotidien chilien El Mercurio à propos de l'homicide dont est accusé l'opposant chilien.
Pour rappel, Patricio Ortiz a été condamné en 1995 à dix ans de prison au Chili, accusé d'avoir tué un officier de gendarmerie. Il s'est évadé en décembre 1996, en hélicoptère et avec deux comparses, et s'est rapidement réfugié en Suisse. Il a déposé une demande d'asile en juillet 1997 et s'est vu opposer un refus. Le guérillero a en revanche obtenu une admission provisoire, la Suisse ne voulant pas l'extrader vers son pays. Marié à une Suissesse, Patricio Ortiz est aujourd'hui en possession d'un permis B.