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Le système d'asile suisse expliqué aux Chiliens

L'ambassadeur de Suisse à Santiago a été convoqué dans le cadre de l'affaire Ortiz.

Patricio Ortiz, ex-guérillero chilien censé purger une peine de dix ans de prison dans son pays pour homicide, n'a pas obtenu le statut de réfugié politique en Suisse, mais a juste bénéficié d'une prolongation de son admission provisoire. C'est cette nuance qu'André Regli, ambassadeur de Suisse à Santiago, a dû patiemment expliquer aux médias locaux mercredi.

Patricio Ortiz avait lui-même semé la confusion en s'exprimant lundi soir à la chaîne de télévision chilienne Canal 13. Il avait laissé entendre qu'il était réfugié politique et bénéficierait bientôt d'un passeport international, ce qui a provoqué l'ire des autorités chiliennes. La controverse a été d'autant plus accentuée qu'au Chili la campagne pour l'élection présidentielle bat son plein. L'opposition saisit ainsi toute occasion pour mettre le gouvernement en difficulté.

Subtilités décortiquées

C'est dans ce contexte sensible qu'André Regli a dû, jeudi, décortiquer les subtilités du système d'asile suisse au ministre des Affaires étrangères chilien, qui l'a convoqué pour explications, à 21 h 30, heure suisse. Au ministre prêt à transmettre sa note de protestation, il s'est escrimé à souligner la différence entre «qualité de réfugié reconnue» (Berne estime qu'extrader Patricio Ortiz vers son pays n'est pas raisonnablement exigible en raison des mauvais traitements qui pourraient lui être infligés) et «asile politique non accordé».

Autre nuance apportée: la décision n'émane pas du gouvernement suisse mais d'une juridiction indépendante de l'exécutif, en l'occurrence la Commission de recours en matière d'asile. Expliquer qu'un homme accusé d'homicide est à même de se mouvoir en toute liberté en Suisse est par contre bien plus délicat et c'est sur ce point que les autorités chiliennes se focalisent aujourd'hui. Elles déplorent le manque de confiance envers la justice chilienne, qui conduit à ce type de situation complexe. «Ce fait s'est déroulé durant la période de transition et je pense que nous devons regarder vers le futur», a souligné André Regli au quotidien chilien El Mercurio à propos de l'homicide dont est accusé l'opposant chilien.

Pour rappel, Patricio Ortiz a été condamné en 1995 à dix ans de prison au Chili, accusé d'avoir tué un officier de gendarmerie. Il s'est évadé en décembre 1996, en hélicoptère et avec deux comparses, et s'est rapidement réfugié en Suisse. Il a déposé une demande d'asile en juillet 1997 et s'est vu opposer un refus. Le guérillero a en revanche obtenu une admission provisoire, la Suisse ne voulant pas l'extrader vers son pays. Marié à une Suissesse, Patricio Ortiz est aujourd'hui en possession d'un permis B.