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Le quotidien populaire devrait cesser d'être imprimé à terme. Mais pas tout de suite

La rumeur court depuis plusieurs jours et alarme les journalistes du groupe Tamedia. Le quotidien populaire romand Le Matin cesserait de paraître de façon imminente en version imprimée. Une lettre dénonçant cette mort programmée a été envoyée jeudi par les rédactions du groupe au CEO de Tamedia, Christoph Tonini. Selon le site Bon pour la tête, les rédactions auraient aussi sommé ce dernier de venir leur donner des explications d'ici au 15 décembre.
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Contacté par Le Temps, le porte-parole romand de l’entreprise, Patrick Matthey, dément la «fausse information» de la mort du Matin papier. Aucun arrêt de la parution imprimée n’est envisagé dans l’immédiat, assure-t-il.
En revanche, le sujet de la fin du papier a bien été abordé à l’interne, entre le rédacteur en chef, Grégoire Nappey, et ses journalistes. A terme, l’avenir du Matin en semaine sera effectivement tout numérique, sans journal imprimé. Mais il n’y a ni date ni horizon fixés pour une éventuelle décision en ce sens, assure Patrick Matthey. Le groupe devrait répondre sous peu à la lettre des journalistes inquiets.
Selon des informations circulant dans les rédactions Tamedia, la fin du Matin papier pourrait intervenir d’ici à deux ans. Et cet horizon aurait été évoqué lors de la réunion entre Grégoire Nappey et sa rédaction. Ce que ni ce dernier ni Tamedia ne confirment.
Rapprochement avec 20 Minutes
Héritier de la Tribune de Lausanne, Le Matin a été refondé comme journal populaire en 1984. Le titre est déficitaire depuis une vingtaine d’années, souligne Tamedia. Le groupe explique toutefois que «notre priorité aujourd’hui est de conserver la marque Le Matin et d’assurer […] son développement en lui permettant de regrouper ses forces éditoriales avec celles de 20 minutes». La rédaction commune entre les deux titres (l’un payant, l’autre gratuit, mais positionnés sur des créneaux semblables) sera opérationnelle dès le mois prochain, assure Tamedia.
Ce rapprochement s’inscrit dans les grandes manœuvres qui sont en train de chambouler le paysage médiatique suisse. Les rédactions de 24 Heures et de la Tribune de Genève vont elles aussi être regroupées sur le site de Tamedia à Lausanne. Celles des titres du groupe en Suisse alémanique seront concentrées à Zurich.
La Neue Zürcher Zeitung a annoncé jeudi la fusion de ses rédactions régionales avec celles du groupe argovien AZ Medien pour former un poids lourd des médias régionaux alémaniques. Ailleurs dans le pays, Christoph Blocher avance ses pions pour constituer ce qui pourrait devenir, à terme, un grand groupe de médias conservateurs d’envergure nationale.