Le prix des billets de train augmente trop fortement par rapport au coût d’un déplacement en voiture. C’est le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, qui lance cet avertissement mardi. Il publie une étude comparative qui examine l’évolution des tarifs entre 1990 et 2013. Il arrive à la conclusion qu’un trajet en voiture a augmenté de 30% durant cette période alors que, selon les axes, le renchérissement oscille autour de 60% pour le train. Il s’élève même à près de 100% pour un aller-retour à cause de la suppression de la réduction accordée sur le billet de retour en 2004.

Le Surveillant des prix a choisi cinq trajets représentatifs pour mener son enquête: Berne-Zurich, Lausanne-Genève, Wattwil-Romanshorn, Locarno-Bellinzone et Disentis-Coire. Pour le rail, il a pris comme références le kilomètre tarifaire additionné du «supplément de distance». Prélevé sur des axes très fréquentés comme Berne-Zurich, ce supplément renchérit le prix du billet par rapport à la distance effectivement parcourue. Pour la route, il s’est appuyé sur le barème des frais kilométriques du TCS. Cette base comparative lui permet d’affirmer que le coût d’un déplacement en voiture a, entre 1990 et 2013, suivi la courbe de l’inflation, qui atteint 30% pour la période. Il n’en est pas de même du rail. Un trajet Berne-Zurich simple course effectué en train coûte aujourd’hui 58% plus cher qu’en 1990. Sur la ligne Lausanne-Genève, la différence atteint 52%. Depuis que la réduction sur le second trajet a été abolie, le prix de l’aller-retour a fait un bond depuis 1990. Un aller-retour Berne-Zurich dépasse aujourd’hui de 96% le prix pratiqué il y a vingt ans. Pour Lausanne-Genève, la différence s’élève à 82%.

Le Surveillant des prix s’inquiète de cette évolution qui n’est pas terminée. Il porte un «regard critique» sur la politique tarifaire de la Confédération et des entreprises de transports, réunies au sein de l’Union des transports publics (UTP). Ce sont en effet elles qui fixent les hausses de tarifs. Les entreprises de transport, notamment les CFF, ont besoin de recettes supplémentaires pour financer le renouvellement du matériel roulant. La Confédération a imposé une première adaptation du prix de l’utilisation du réseau en décembre 2012 pour en financer l’entretien et le développement. Une seconde tranche suivra à fin 2016. Elles sont répercutées sur les prix demandés aux voyageurs. Or, constate Stefan Meierhans, «le transport ferroviaire a nettement reculé et perdu en attractivité face au transport routier depuis 1990».

Il invite dès lors à la prudence. L’accord signé entre le Surveillant des prix et l’UTP exclut toute nouvelle hausse des prix à fin 2013. «Le Surveillant des prix considère comme acquis que ce contrat sera respecté», indique-t-il. Ce contrat écrit invite également les entreprises de transport à développer de nouvelles offres pour accroître l’attractivité du train en dehors des heures de pointe.