Revue de presse
La presse dominicale spécule sur les grandes manoeuvres en cours à trois jours de l'élection au Conseil fédéral. Le centre et la gauche seraient plus que jamais tentés d'opter pour un candidat hors du ticket à trois présenté par l'UDC. Une stratégie qui, si elle réussit, aurait de quoi déstabiliser le premier parti du pays

Y aura-t-il un candidat surprise, oui ou non? La tension monte et les cartes se brouillent, à trois jours de l'élection au Conseil fédéral. La presse dominicale spécule sur les grandes manoeuvres en cours et plusieurs noms de potentiels élu(e)s surprise émergent, tandis que l'UDC hausse le ton: elle n'acceptera personne hors du ticket proposé.
Pourtant ni Thomas Aeschi, ni Guy Parmelin, ni Norman Gobbi n'ont brillé lors des auditions des groupes parlementaires mardi dernier. Guy Parmelin en particulier, a perdu de son attrait après ses faibles performances.
«Comment ne pas être tenté d'aller voir ailleurs quand on se penche sur ce ticket de l'UDC?», glisse le socialiste valaisan Mathias Raynard dans le Matin Dimanche. Il existe, ajoute-t-il, des personnalités plus «indépendantes de la direction du parti».
Dès lors, le scénario d'un «quatrième homme», membre de l'UDC mais hors du ticket officiel, est évoqué plus que jamais. L'idée tente fortement la gauche et une partie du centre, estiment plusieurs médias ce dimanche.
Mais ce pourrait être une femme. «Wieder eine Widmer? (Encore une Widmer?)», s'interroge par exemple la NZZ, qui croit savoir que la conseillère d'Etat de Schaffhouse Rosmarie Widmer Gysel figure parmi les alternatives potentielles pour remplacer la conseillère fédérale sortante Eveline Widmer Schlumpf.
Le quotidien zurichois souligne les capacités de la Schaffhousoise en tant que femme d'exécutif et directrice des finances, ainsi que son expérience de direction dans les domaines économique et militaire. Elle a été colonel, ce qui n'est pas le cas de Guy Parmelin, Thomas Aeschi et Norman Gobbi, souligne la NZZ.
Autres noms cités par le quotidien zurichois: encore et toujours celui de Heinz Brand, ou celui de Hannes Germann, considéré comme éligible par une partie de la gauche.
Le dominical évoque enfin un plan C: l'élection d'un candidat qui ne ferait pas partie de l'UDC. Auquel cas, plusieurs PDC comme Filippo Lombardi, Pirmin Bischof ou Konrad Graber auraient leurs chances.
Pour la Sonntagzeitung, cela ne fait aucun doute: «L'opération quatrième homme a commencé». Un groupe de parlementaires de la gauche et du centre tente de faire exploser le ticket à trois de l'UDC, suppute le journal, qui expose plusieurs variantes possibles.
La encore, c'est le nom d'un Schaffhousois qui émerge, celui de Thomas Hurter. Le conseiller national s'est fait un nom lorsqu'il a présidé la commission de politique de sécurité. Et, ceux qui tirent les ficelles estiment qu'il aurait les épaules assez solides pour résister à la pression de son parti, qui ne manquera pas de lui demander de refuser une éventuelle élection.
La Sonntagszeitung mentionne également le conseiller aux Etats Hannes Germann comme potentiel élu surprise. «Hurter et Germann sont tous les deux opposés à la résiliation des bilatérales et pour la reconnaissance du droit international public. Ce qui les rend inéligibles selon leur parti parle en leur faveur aux yeux des autres», souligne le dominical.
La clause imposée par l’UDC - menaçant d’exclure du parti toute personne qui accepterait une élection sans être le candidat nominé - irrite tant qu'elle attise encore le souhait de nombreux parlementaires, estimant leur liberté de vote attaquée, de s'écarter du ticket officiel.
Et «le calcul est vite fait, souligne encore la Sonntagszeitung: si la gauche, les Verts et le centre votent en majorité pour un quatrième homme, avec peut-être en plus quelques voix du côté du PLR, autant dire qu'il sera élu».
Pourtant la stratégie de la gauche suscite aussi de nombreux doute. S'il veut réussir, le PS aura besoin de soutien. Or du côté des autres partis, «l'envie de manoeuvres de déstabilisation semble faible», estime la NZZ.
L'élu surprise pourrait échouer, ou succomber à la pression de l'UDC. Et si Guy Parmelin sortait de la course, il n'y aurait alors plus que deux choix: Norman Gobbi et Thomas Aeschi, «the worst case», «le choix entre la peste et le choléra», d'après un élu cité par la Sonntagszeitung.
Le chef de l'UDC Toni Brunner, de son côté, ne compte pas se laisser impressionner par les manoeuvres évoquées et campe sur sa position de départ: «Si le parlement élit une personne de notre rang qui ne figure pas sur le ticket officiel, et que cette personne accepte cette élection, elle ne sera plus membre de l'UDC», affirme-t-il dans la Sonntagszeitung.