«Vous connaissez mon naturel, cela n’a pas été facile à chaque instant.» Elisabeth Baume-Schneider ne cache pas sa satisfaction d’arriver au terme de ses (presque) 100 premiers jours en fonction. Nouvelle conseillère fédérale, élue à la surprise générale en décembre dernier, la socialiste a pu sortir ce lundi de son mutisme imposé par la tradition, qui enjoint aux néophytes du gouvernement de ne pas s’exprimer publiquement durant leurs trois premiers mois. Et la Jurassienne, première ministre de l’histoire de son canton, a «recommencé» là où elle s’était arrêtée: avec répartie oratoire, spontanéité, passant du français à l’allemand, avec des détours par sa langue maternelle, le dialecte bernois. Le tout non pas à Berne, capitale fédérale, mais à Zurich, capitale économique, au Schiffbau, ancien chantier naval devenu lieu de culture.

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Un accent sociétal

Successeure de Karin Keller-Sutter à la tête du Département fédéral de justice et police (DFJP), Elisabeth Baume-Schneider a d’emblée fait part de plusieurs intentions et objectifs, sur le plan sociétal notamment. Leur application concrète semble cependant encore floue et devra être précisée ces prochains mois. Néanmoins, sans surprise, la conseillère fédérale tranche – surtout dans le discours – avec sa prédécesseure libérale-radicale, plus conservatrice.

Son plus gros dossier reste néanmoins la migration. L’afflux de réfugiés ukrainiens, chassés par l’armée russe, et de réfugiés d’autres pays, atteint une ampleur inédite depuis la Deuxième Guerre mondiale. L’UDC nationaliste ne se prive pas, d’autant moins en pleine année électorale, de fustiger une soi-disant politique de portes ouvertes. Elisabeth Baume-Schneider soutient, elle, respecter le cadre légal en place, et le défendre «avec plaisir». Dans les faits, il s’agit d’une combinaison entre l’accueil de ceux dont les motifs d’asile sont jugés recevables et le renvoi des autres.

A 59 ans, la magistrate énumère différents projets. Elle souhaite amplifier, avec les cantons, la lutte contre la violence domestique et sexualisée, saluant au passage la feuille de route lancée par l’ancienne cheffe du département. Ensuite, elle tient à inscrire rapidement dans le Code civil le droit à l’éducation non violente des enfants, un projet issu du parlement, que Karin Keller-Sutter n’appréciait guère.

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Pour les non-binaires

Elisabeth Baume-Schneider veut également agir en faveur des personnes non binaires. Alors que le Conseil fédéral refusait à la fin de l’année dernière de créer un troisième genre à l'état civil, la Jurassienne entend répondre aux besoins de cette catégorie de population, dans l’idée de les «protéger». Elle attend des pistes de solutions d’ici à la fin de cette année. Enfin, elle vise une clarification juridique de la relation entre l’enfant et sa mère non biologique dans les couples de femmes.