Deux groupes autonomes mènent la fronde: des commerçants et de simples citoyens. L’association MyFlon, dont Guillaume «Toto» Morand de Pomp It Up et Pompes Funèbres est le porte-voix, représente bon nombre d’enseignes du Flon. L’ancien candidat au Conseil d’Etat réclame une révision globale du projet. Il critique le terminus, la fermeture de la rue de Genève ainsi que la construction d’une rampe routière dans le but d’absorber le trafic détourné du Flon pour laisser passer le tram. Cette rampe, abritant sous son arcade la Maison du livre et du patrimoine appelée à rassembler les bibliothèques et conserver les Archives de la Ville de Lausanne, condamnerait une forêt urbaine unique en son genre, s’insurge Toto Morand. Les restrictions de circulation irritent également l’entrepreneur. C’est pourquoi il imagine d’autres parcours, en sous-sol ou sur le Grand-Pont voisin, dégageant l’accès aux clients motorisés.
Alternative concrète
Urs Zuppinger et sa femme Agneta, de leur côté, s’attaquent surtout à la sauvegarde de la place de l’Europe. Depuis son inauguration en 2008, l’esplanade est devenue un carrefour souterrain pour les transports publics et un lieu de rencontre convivial. Le terminus du tram, tel qu’il est conçu, détruirait ce «générateur de vie urbaine», expliquent-ils. Acteur historique des batailles pour l’aménagement du Flon – le livre Luttes-ô-Flon publié l’année dernière en témoigne – le couple a lancé une pétition forte désormais de 4300 signatures. En même temps, les Zuppinger ont esquissé une alternative concrète au projet officiel. La halte, au lieu d’empiéter sur la place, surgirait sur la portion finale de la rue de Genève. Il s’agit d’un déplacement de quelques mètres, mais il est décisif, jugent-ils.
Olivier Français, municipal des Travaux de Lausanne et référent pour la ville du futur tram, se dit à l’écoute des contre-propositions. Un projet d’une telle envergure ne peut qu’évoluer, à l’image de ce qui s’est passé pour le métro M2. L’élu invite les auteurs à transmettre leurs suggestions aux instances qui pilotent le projet afin d’obtenir des réponses.
Par contre, le magistrat PLR réfute, pour sa part, les reproches d’avoir communiqué et consulté de façon lacunaire au sujet du terminus. L’édile ne compte plus les séances sur cette question. «Les plans sont connus depuis 2009, pourquoi découvre-t-on maintenant leur impact sur le quartier?» s’interroge Olivier Français. Quoi qu’il en soit, tout le monde attend désormais le verdict de l’Office fédéral des transports.