Depuis un mois, les Suisses sont chez eux et la météo est splendide. «Vivement le premier verre en terrasse», soupirent la majorité des confinés. Une bière au bar entre amis s’est muée en désirable fruit défendu: quand pourra-t-on enfin la boire?

On ne sait malheureusement toujours pas. Dans sa conférence de presse tenue jeudi après-midi, le Conseil fédéral a évité d’être trop précis sur la question, n’avançant aucune date et soulignant que cela dépendait des «concepts de protection» développés par les restaurants. La branche gastronomique tire la sonnette d’alarme.

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«Il n’est pas évident de manger avec un masque»

«Le Conseil fédéral a dit qu’il fallait que les branches comme la nôtre développent un concept. Mais nous l’avons fait!» Président de GastroSuisse, la plus grande association patronale de l’hôtellerie-restauration du pays, Casimir Platzer fulmine. Ce jeudi, Simonetta Sommaruga a précisé que sa branche devrait penser aux mesures à mettre en place pour protéger clients et employés avant toute réouverture. Or, le patron de la faîtière s’est exécuté sur la question en début de semaine: «J’ai envoyé un concept lundi soir, souligne-t-il. Nous n’avons même pas reçu de réponse. Et maintenant, nous sommes dans le flou, sans perspective. Je ne comprends pas.»

Rien de très concret concernant les lieux de bouche n’est en effet sorti du point de presse du gouvernement, lors duquel la présidente de la Confédération a tout au plus mentionné de manière nébuleuse que l’important n’était «pas forcément de pouvoir dire que tous les restaurants pouvaient ouvrir à partir d’une certaine date mais de procéder par étapes». Il y a des petits et des grands établissements, a-t-elle encore ajoutée, «et il n’est pas évident de manger avec un masque». Sans donner plus de détails. Les restaurateurs sont frustrés.

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«40% des restaurants pourraient fermer»

«Nous avions élaboré une manière de faire fonctionner les restaurants sans avoir plus de cinq personnes par table à moins qu’elles n’habitent ensemble, explique Casimir Platzer. Nous pensions aussi réduire le nombre de clients par mètre carré, espacer les tables et imposer le port du masque en cuisine ou au service au cas où les distances ne suffiraient pas. Je précise que si le Conseil fédéral laisse prochainement rouvrir les coiffeurs en argumentant qu’il est plus facile de tracer leurs clients en cas de contamination, nos tenanciers pourraient également faire ce qu’il faut pour que cela soit possible dans les restaurants.» Le président de Gastrosuisse n’espère désormais qu’une chose: ne pas devoir attendre jusqu’en juin.


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Le plan du Conseil fédéral s’articule en effet en trois étapes: dès le 27 avril, les cabinets médicaux, salons de coiffure, de massage et autres instituts de beauté pourront rouvrir aux côtés des magasins de bricolage, jardineries, pépinières et fleuristes. Ecole obligatoire et «autres magasins» devraient, quant à eux, rouvrir le 11 mai alors que les écoles professionnelles et secondaire, les hautes écoles, les musées, les zoos et les bibliothèques attendront le 8 juin. Or, pour Casimir Platzer, la chose est claire: bars et restaurants ne peuvent pas rester fermés jusqu’à cette dernière date. «Si nous attendons aussi tard pour une réouverture – ou même une réouverture partielle – entre 30 et 40% des entreprises existantes ne rouvriront pas. Elles ne survivront pas aussi longtemps», se désole le gastronome.