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Berne tente de garder le coronavirus sous contrôle

Un premier cas d’infection est apparu au Tessin, auprès d’un homme de 70 ans contaminé en Italie

Daniel Koch (à gauche) et Pascal Strupler (au centre), les deux responsables de l’OFSP, n’annoncent pas encore de mesures spécifiques en Suisse. — © Anthony Anex/KEYSTONE
Daniel Koch (à gauche) et Pascal Strupler (au centre), les deux responsables de l’OFSP, n’annoncent pas encore de mesures spécifiques en Suisse. — © Anthony Anex/KEYSTONE

«Nous prendrons des mesures lorsque nous aurons le sentiment de ne plus avoir la chaîne de transmission du virus sous contrôle.» Chef de la division des maladies transmissibles à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), Daniel Koch estime que la détection d’un premier cas avéré de coronavirus au Tessin ne suffit pas encore à décréter des fermetures d’écoles ou de frontières ou à interdire des manifestations telles que le carnaval. Pour les écoles, c’est d’autant moins justifié qu’il y a cette semaine les vacances de février dans le canton du sud des Alpes. «Il ne serait de toute manière pas indiqué de fermer toutes les écoles. Mais si un cas suspect se présente dans une école, on peut prendre une mesure de quarantaine comme cela s’est fait en France», suppose-t-il.

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Le premier cas de coronavirus avéré concerne un septuagénaire qui a séjourné près de Milan le 15 février. Les premiers symptômes – respiratoires, précise Daniel Koch – sont apparus le 17 février. L’homme est resté à la maison. Il a été testé lundi. L’analyse effectuée au Centre national de référence pour les infections virales émergentes (Crive), à Genève, a confirmé le soupçon d’une infection par le coronavirus. «Cela ne change rien à l’évaluation du risque, qui demeure modéré pour la population suisse. Nous estimons être encore dans une situation normale. Si cela n’était plus le cas, nous proposerions un train de mesures au Conseil fédéral», diagnostique le directeur de l’OFSP, Pascal Strupler. «On s’attendait à ce premier cas. Il est là. On met en route le dispositif qui a été prévu et qui devrait nous permettre de détecter d’autres éventuels cas suspects suffisamment tôt», enchaîne Daniel Koch. Les proches du patient ont été ou seront placés en quarantaine.

Information à la frontière

L’OFSP va renforcer l’information à la frontière italo-suisse. Des affiches y seront apposées ces prochains jours et des flyers distribués. «Les mesures d’hygiène à prendre seront rappelées dans le cadre d’une campagne qui touchera toute la Suisse», ajoute Daniel Koch. Aux personnes désireuses de se rendre en Italie, il recommande de s’informer sur la situation dans la zone de leur destination, certaines étant déclarées inaccessibles.

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Si aucune restriction particulière n’est prononcée pour l’instant, l’évolution de la situation est toujours plus incertaine, en Suisse comme en Autriche ou en Croatie, où les premiers cas sont aussi apparus ces derniers jours. Le conseiller fédéral Alain Berset a d’ailleurs participé mardi à une rencontre au sommet des ministres de la Santé d’Italie, de France, d’Allemagne, d’Autriche, de Croatie et de Slovénie. Le but est de renforcer la coopération transfrontalière pour lutter contre le virus.

«Nous sommes entrés en mode gestion de crise»

«La flambée des cas en Italie durant le week-end dernier a clairement tout changé. Elle a mis la pression sur notre système en général, l’obligeant à monter la vigilance d’un cran, commente le médecin cantonal vaudois Karim Boubaker. Auparavant, quand le virus était essentiellement en Chine, nous nous trouvions surtout dans une phase de planification, avec comme principal souci d’exclure toute contamination chez les personnes revenant de ces zones, ce qui, vu leur nombre, demeurait maîtrisable. Mais la frontière chinoise est éloignée, la frontière italienne, par contre… La question n’était plus de savoir si nous aurions une personne infectée par le coronavirus, mais quand. Nous étions clairement entrés en mode gestion de crise.»

Selon Karim Boubaker, des mesures, comme la fermeture d’écoles, voire un village mis en quarantaine, sont tout à fait envisageables. «Selon l’analyse de l’évolution de la situation, c’est le Conseil fédéral qui donnera des ordres ou des recommandations, que les cantons devront appliquer avec une certaine marge de manœuvre. C’est ce qui est prévu par la loi sur les épidémies. A tout moment, il faudra se poser la question de la proportionnalité, car de telles décisions ont des conséquences lourdes, notamment sur l’économie ou pouvant poser de réels problèmes d’approvisionnement», fait-il remarquer.