C’est dans un univers de béton, d’acier, de tapis roulants et de poulies que Roberto Cirillo a accueilli les médias pour la première fois, après vingt semaines à la tête de La Poste. L’Italo-Suisse, 48 ans, a choisi de s’exprimer dans le futur centre de colis tessinois, à Cadenazzo, qui sera inauguré le 11 octobre. L’élégance italienne, plutôt charismatique, le nouvel homme fort du géant jaune a passé en revue ses débuts et esquissé les défis en cours.

Depuis avril, le successeur de Susanne Ruoff a notamment rencontré les employés et la clientèle, analysé minutieusement le groupe, effectué une trentaine de visites dans les filiales à travers le pays. Il a même distribué le courrier à quelques chanceux, sur le pas de leur porte.

Un groupe de trentenaires

«Si La Poste entend continuer à financer le service universel sans l’aide de fonds publics, l’objectif clair qui nous est fixé, elle doit s’activer», a-t-il lancé. Pour ce faire, elle doit sortir des sentiers battus. Dans cette optique, un groupe, dont la plupart des membres ont entre 30 et 40 ans, a été constitué pour réfléchir à la stratégie 2021. Des idées qui sortent de l’ordinaire sont déjà sur la table, comme une logistique sans emballage ou la promotion de modèles commerciaux relevant de l’économie de partage.

Par contre, en ce qui concerne les drones, l’innovation technologique, ils demeurent en pause, après deux accidents survenus cette année. «Nous attendons les recommandations d’un groupe d’experts, qui permettront de décider de la suite», a indiqué Roberto Cirillo, soulignant que les drones «assurent un service déterminant pour les hôpitaux».

Dans le secteur des véhicules autonomes – où La Poste se veut pionnière à l’échelle mondiale – un projet pilote est toujours en cours en Valais, alors qu’un autre vient de démarrer en Suisse alémanique. Quant aux livraisons faites par des robots, La Poste étudie actuellement les possibles collaborations avec les écoles polytechniques. Le dossier médical digitalisé est en phase de déploiement et devrait être une réalité dès l’an prochain. Pour le vote électronique, un système fiable et «porteur d’avenir», est toujours à l’étude.

«On ne peut rester statique»

L’avenir du réseau postal? «On ne peut rester statique, il faut s’adapter aux besoins de la population et des entreprises, affirme Roberto Cirillo. De quoi aura-t-on besoin dans dix ou vingt ans? La forme n’est pas prioritaire, c’est la proximité qui est fondamentale. Celle-ci doit être préservée, de façon à fournir des services équivalents partout dans le pays», fait-il valoir, soulignant que La Poste compte aujourd’hui 2150 points d’accès.

Pour le nouveau patron postal, l’autorisation de vendre des hypothèques reste une priorité. «Aujourd’hui, PostFinance marche sur une jambe, alors que le reste du secteur bancaire marche sur deux. Pourtant, comme tous les autres, elle paie des impôts, elle a les mêmes attentes de rentabilité, et elle est soumise aux mêmes règles et au contrôle de la Finma.»

Comment Roberto Cirillo entend-il redorer l’image de CarPostal? «Il faut miser sur la transparence avec des efforts significatifs. Nous avons appris les leçons de 2018 et des mesures ont déjà été mises en œuvre, par exemple en ne gardant qu’un seul compte pour CarPostal.» Il a par ailleurs annoncé qu’une solution a été trouvée pour CarPostal France et promis de nouveaux emplois qualifiés à Neuchâtel et à Bellinzone pour la création de centres de compétences décentralisés.